La Guerre des Six Jours (en hébreu : Milkhemet Sheshet HaYamim,) que l’on peut traduira par « l’épopée des six jours » en arabe (Melhamet Sitet Ayam) est une guerre déclenchée par Israël qui annihila les armées des pays arabes qui dès les premières heures n’avaient plus d’aviation. Qualifiée de guerre des " Six Jours " pour bien montrer la supériorité écrasante d’Israël face à tous les pays arabes réunis, c’est la troisième entre Israël et ses voisins. Cette agression israélienne entraîne en outre une profonde modification des frontières : avec l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Gaza, du Golan et du Sinaï, l’État juif quadruple la superficie de son territoire.
Pendant longtemps Israël a renvoyé sur l’Egypte , la responsabilité du déclenchement du conflit, appuyés par les médias occidentaux - et notamment français - qui prennent alors fait et cause pour Israël face aux Arabes, comme pour David face à Goliath. Aujourd’hui cette thèse n’est plus guère défendue. Des responsables israéliens de l’époque ont d’ailleurs, entre-temps, rectifié les versions de propagande données alors. Ainsi, le général Itzhak Rabin, qui était chef d’état-major de l’armée de l’époque : " Je ne pense pas que Nasser voulait la guerre. Les deux divisions qu’il envoya dans le Sinaï, le 14 mai, n’auraient pas suffi pour lancer une offensive contre Israël. Il le savait et nous le savions. " De plus, comme Menahem Begin l’admit en 1982, Nasser n’a pas choisi d’attaquer Israël, Israël a choisi d’attaquer Nasser.
Dès 5 juin au matin, une attaque fulgurante : une fois l’aviation arabe anéantie (en une matinée), les troupes israéliennes s’emparent, en six jours, du Sinaï égyptien, de la Cisjordanie jordanienne et - au prix d’un refus, deux jours durant, du cessez-le-feu décrété par l’ONU et accepté par les belligérants arabes - du plateau syrien du Golan. Le lundi 5 juin 1967 à 7h45, survolant la Méditerranée à très basse altitude pour éviter les radars, l’aviation israélienne attaqua l’Égypte En 500 sorties, Israël détruisit 309 des 340 avions militaires Egyptiens. Les pertes israéliennes furent de 19 appareils, pour des causes techniques principalement. La supériorité aérienne totale de l’aviation israélienne permit la victoire écrasante d’Israël. La résolution 242 du Conseil de sécurité, affirme la nécessité d’un retrait d’Israël des territoires arabes qu’il occupe, en échange de : la cessation de l’état de belligérance, la reconnaissance de tous les États de la région, la libre navigation sur le canal de Suez et dans le golfe d’Akaba ainsi que la création de zones démilitarisées.(1).
À partir du début de l’année 1969, de nouveaux combats eurent lieu entre l’Égypte et Israël le long du Canal de Suez. Cette guerre d’usure constitua une transition avant la Guerre du Kippour en 1973. Malgré toutes les résolutions votées. Israël ne voulut jamais se retirer des territoires . L’Occident tétanisé par sa dette envers le peuple juif ne fit rien. Pour Abba Eban « Les frontières d’Israël sont celles de l’holocauste ». Voilà qui résume la politique israélienne : Constamment culpabiliser le monde occidental, lui demander éternellement réparation, avoir les mains libres pour sa politique du rouleau compresseur pour établir le grand Israël avec l’appui des extrémistes religieux qui siègent au gouvernement sans effaroucher le monde occidental qui n’accepte pas qu’un mouvement religieux musulman puisse gouverner. Il n’est que de voir comment le peuple palestinien a été sanctionné d’avoir mal voté en votant d’une façon transparente pour le Hamas.
Parmi les horreurs dont se serait rendu coupable Israël , le film « L’esprit de Shaked » diffusé par la télévision d’Etat israélienne a fait choc. Il montre des massacres de soldats égyptiens et, de ce fait, ouvre un dossier chargé des crimes de guerre commis par Israel C’est dire que l’on pourrait considérer que la liquidation des 250 soldats est un fait assez simple, en comparaison à ce dont ont témoigné Egyptiens et Palestiniens, voire les historiens israéliens eux-mêmes. En effet, le nombre de prisonniers tués serait dans les environs de 10 000. Dans son livre « L’unité Shaked », le professeur Uri Milistein dénombre et donne des détails sur des crimes de guerre, voire présente une photo de Ben Eliezer avec comme légende : « Liquidations après la guerre ».(2)
Parmi les témoignages de cette guerre éclair citons : « J’ai vu un homme creuser un trou pendant environ 15 minutes. Puis, des militaires israéliens lui demandaient de jeter la pelle. Ensuite, un d’entre eux a pointé une mitraillette Uzi sur lui, tirant deux charges chacune avec trois ou quatre balles ». L’historien israélien Gabby Born, dans Yediot Aharonot. « On était suffisamment proches pour pouvoir voir la mosquée de la ville à l’œil nu. Le matin du 8 juin 1967, dans le Sinaï, dans la ville d’Arich, des troupes israéliennes ont systématiquement exécuté 1 000 et plus de prisonniers de guerre égyptiens (...) Les Israéliens demandaient à ces prisonniers de creuser leur propre tombe avant, ensuite, de les achever ». James Ennes, ancien militaire américain de l’USS Liberty, le bateau d’espionnage américain bombardé en 1967. Fouad Riyad ancien juge au Tribunal sur l’ex-Yougoslavie, appelle à la formation d’une commission d’enquête pour vérifier si Israël a commis un massacre contre des soldats égyptiens : Ces crimes sont tout à fait identiques à ceux commis en Bosnie. (3).
« C’est au nom d’une prétendue - et illusoire - sécurité écrit André Rousseau que les gouvernements israéliens successifs ont refusé d’appliquer les résolutions de l’ONU leur intimant l’ordre de revenir aux frontières de 1967 - dite la « ligne verte »-, et en particulier de rendre à la Syrie les hauteurs du Golan. En réalité, la politique des « faits accomplis », guidée par la volonté connue de conquête territoriale d’Israël (le rêve du « Grand Israël biblique » de certains dirigeants israéliens), a surtout pour objectif de mettre la main sur 90 % des ressources en eau de la région, ce qui devrait être effectif quand le Mur sera terminé. Cette politique, planifiée pour chasser les Palestiniens de Cisjordanie par le tarissement de l’accès à leurs propres ressources en eau, est escomptée passer à travers les gouttes d’une réprobation internationale... Qu’on en juge sur le terrain : le tracé du Mur suit une logique délibérée : maximum de terres, minimum de population, en vue de l’annexion et de l’expansion future des colonies. Le tracé de ce dernier suit soigneusement les principales colonies, mais est aussi calé sur la mainmise des meilleures terres et sur la récupération optimale des accès à l’eau. Séparer les puits des terres conduit d’abord à assécher ces dernières, à la perte des investissements et des récoltes, puis à l’abandon et donc à la récupération par Israël au titre de la « loi » sur les « terrains non cultivés ».
« Il est inacceptable qu’Israël puisse accaparer la presque totalité des ressources hydrauliques de la région au profit exclusif de ses ressortissants - minoritaires en nombre. Le fait incontournable que ces ressources soient insuffisantes pour permettre une utilisation de l’eau semblable à celle des pays tempérés, devrait au contraire inciter à la recherche de modus vivendi des peuples de la région. Or, Israël refuse à ce jour toute (re)négociation sur ce sujet, tant avec l’Autorité Palestinienne qu’avec ses voisins, comme le prouve sa politique au sud-Liban et au Golan ».(4)
Le magazine britannique The Economist titre cette semaine sur la “victoire gâchée d’Israël”. C’est tout à fait exact. .. Le premier résultat de 1967 fut de permettre aux Israéliens de commencer le peuplement des Territoires occupés. C’était là poursuivre le rêve de ce Grand Israël que les travaillistes avaient toujours souhaité. Les différents gouvernements israéliens savaient, affirme The Independent, que ces installations de familles juives en Cisjordanie et à Gaza étaient illégales au regard des lois internationales, et notamment de la partie IV de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.(5)
Il est évident que les guerres ne sont jamais propres et qu’aucune armée ne peut se prévaloir de respecter les lois de la guerre. On a coutume de dire que l’histoire est écrite par les vainqueurs. S’agissant de l’armée israélienne , elle ne peut pas se prévaloir d’être morale comme le martèle tout les adeptes de l’Etat d’Israël. Ecoutons Ce que disent des génraux israéliens dans le film de Claude Lanzmann : « Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d’enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes [palestiniennes]. » Ainsi parlent, sans être contredits, des généraux israéliens dans Tsahal, le film réalisé par Claude Lanzmann neuf ans après Shoah...(Novembre 1994.) Voilà donc un autre mythe qui s’écroule. construit sur des bases fausses.
Dans cette guerre qui dure où l’occupant israélien oppose le statut de victime des Juifs à la douleur palestinienne, écrit Pierre Stamboul il faut refuser la victimologie et en revenir aux droits fondamentaux, à l’égalité de traitement de tous les êtres humains, indépendamment de leur histoire et de leurs origines. Quarante ans après les Palestiniens sont plus misérables que jamais, les Arabes plus atomisés que jamais et le Moyen Orient tend à disparaître sous son ancienne architecture sous les coups de boutoir insidieux lancinants mais efficaces des dirigeants israéliens qui ont réussi à introduire durablement la fitna au sein des Arabes ; Au point que c’est le sauve qui peut .
L’Egypte l’a compris le premier. La guerre de Ramadan de 1973 où s’était illustré un certain général Chazli qui n’hésitait pas à crapahuter avec ses soldats et qui a pu de ce fait démolir la ligne Bar-Lev fut en fait, un leurre. La politique des petits pas de Henri Kissinger , acheva de tuer dans l’œuf toute velléité d’un équilibre au Moyen Orient. Les négociations du kilomètre 101 furent en fait une reddition en rase compagne de Sadate qui fut concrétisée par le discours de Sadate à la Knesset -le parlement israélien- il le paya de sa vie . L’avènement de Moubarak enfonça définitivement la cause légitime de la Palestine. Quand à Arafat on sait que tour à tour il fut attaqué par les Légions bédouines de Hussein de Jordanie en 1970, ce fut ensuite la sortie du Liban en 1982 et l’exil des Palestiniens en Tunisie en Algérie et ailleurs. Plus près de nous Sharon n’hésita pas à emprisonner Arafat dans la Moukata en pointant ses canons sur son bureau devant l’indifférence générale des donneurs de leçons en Occident. .. C’est cette incompréhension au sein des milieux les plus haut placés de l’impérialisme mondial qu’un récent éditorial du Financial Times exprima en décrivant l’attaque par hélicoptère contre le quartier général d’Arafat comme « démente ».(6).
Depuis Oslo en 1993 jusqu’à Camp David aucun gouvernement israélien n’a pu ou n’a voulu arriver à une vraie solution démocratique de la question palestinienne. Sept ans de négociations ont été chaque fois frustrés par l’opposition de la droite en Israël. Netanyahou a passé les trois années suivantes à essayer de saboter tout accord définitif avec l’OLP. Barak ne put concrétiser les accords. Sharon le grand vainqueur fit de Arafat un deuxième Ben Laden et ne voulu jamais négocier avec lui aidé en cela par l’avènement de Bush qui depuis sept ans a fait que la machine est grippée malgré une « feuille de route » inacceptable pour les Palestiniens. L’État israélien a montré qu’il ne diffère en aucun aspect fondamental de l’ancien régime d’apartheid en Afrique du Sud. de Gaulle avait-il tort de traiter le peuple juif de peuple sûr de lui et dominateur ? Le choix est clair On dit souvent à juste titre qu’ Israël est en danger de paix. Les dirigeants israéliens ne veulent pas de la paix avec les Palestiniens. Ils s’accrochent à une vision biblique du grand Israël. Pourtant Isaac Rabin qui fut un adversaire acharné des Arabes comprit qu’il fallait faire la paix. La phrase qu’on lui attribue : « La Bible n’est pas un cadastre » résume sa façon de traiter le problème israélien, il le paya de sa vie. La mort d’Arafat en novembre 2004 amena un Mahoud Abbas beaucoup plus conciliant sans résultat. Les Palestiniens ayant mal voté en février 2006 - punis pour avoir choisi le Hamas- continuent d’être punis.
Israël doit choisir soit de vivre en paix avec des Palestiniens qui acceptent les 22% de leur territoire restant, viable et qui ne saurait être une peau de léopard ou un banthoustan . Ce mini état a droit une capitale , pourquoi pas Jérusalem est ? La deuxième voie porteuse de tous les dangers est qu’Israel ira , encore une fois vers l’inconnu comme elle le fait depuis près de 60 ans le soutien des Wasp américain et du messianique Georges Bush ne saurait être éternel. Les Américains qui ont un magister moral, s’apercevront qu’on ne peut pas impunément fouler aux pieds la dignité d’un peuple qui lutte pour sa survie. Si l’occident se veut être le seul producteur de sens, il aura à réétalonner le sens des mots. De plus si l’injustice ne fait pas la une des médias elle fait depuis près de soixante ans le quotidien du peuple palestinien.
Les Palestiniens qui luttent pour leur territoire ne sont pas des terroristes mais des patriotes. Ce qui se passe actuellement au Liban est une réaction de désespoir des Palestiniens devant un avenir sans issue. C’est aussi une diabolisation indirecte de tous les pays qui ne veulent pas de l’accouchement de l’ordre nouveau, le GMO ou les accords Sykes Picot du XXIe siècle.
La politique ambiguë de l’Occident et d’Israël tend à flatter le communautarisme rappelant en ce sens la politique de la France et de l’Angleterre au milieu du XIXe siècle dans un empire ottoman vermoulu à qui on a imposé une sorte de protectorat pour les Chrétiens avec même un gouverneur chrétien. Naturellement il y eut des réactions d’hostilité des Syriens devant ce favoritisme et on pense à l’Emir Abdelkader qui sauva d’une mort certaine plus de 10.000 chrétiens qu’il a nourri soigné et hébergé pendant toute la durée des émeutes à Damas.
Pour en revenir à la tragédie actuelle des Palestiniens, il est clair qu’à force de manipuler les forces du mal, il vient un moment où elles sont incontrôlables. Le Liban qui a toujours vu la coexistence pacifique de toutes les religions est en train d’imploser sous nos yeux. La théorie des dominos chère à Kissigner est en train de faire ses dégâts. La Syrie est à non point douter le prochain domino comme énoncé indirectement par la mise en place du tribunal international pour juger les assassins de Rafik Hariri, qui, on l’aura compris fera le procès en sorcellerie de la Syrie à moins que ce pays ne subisse une Sadatisation ou une Kedefisation sans gloire, l’avenir nous le dira.
1.Les 100 Portes du Proche-Orient http://www.palestinet.org/histoire/6jours.htm
2.Samar Al-Gamal,Al Ahram Weekly (no 653) mai 2007
3.Fouad Riyad : Entretien conduit par Chaïmaa Abdel-Hamid, Al Ahram Weekly (16 mars 2007)
4.André Rousseau : Colonisation et apartheid L’eau, enjeu central de l’occupation de la Palestine . Réseau Voltaire 10 mai 2007.
5.Philippe Thureau-Dangin : Pire qu’un gâchis Courrier international 31 mai 2007
6.Chris Marsden et David North Les mesures de guerre en Israël et l’héritage du sionisme16 octobre 2000 htpp//www.wsws.org/2000