Jeudi 28 Juin 2012
http://www.planning-familial.org/co...
Le discours abolitionniste qui prévaut aujourd’hui, largement repris dans la presse, ne signifie plus l’abolition de la réglementation de la prostitution mais la suppression pure et simple de la prostitution.
Or ce discours hautement symbolique n’apporte aucune réponse ni aux causes du système prostitueur ni aux personnes en situation de prostitution. Au contraire, et l’on ne peut purement et simplement décréter du jour au lendemain la fin de la prostitution !
La prostitution se développe aujourd’hui du fait des conditions d’injustices économiques croissantes, notamment l’écart croissant entre riches et pauvres, et de l’impact désastreux sur les conditions de vie des femmes, toujours en première ligne. La prostitution est l’un des aspects de cette injustice économique sur la forme exaspérée du terreau des rapports de domination du masculin sur le féminin.
Les politiques successives mises en place pour enrayer les systèmes d’exploitation sexuelle ne protègent pas les victimes voire les fragilisent un peu plus : très peu de condamnations de proxénètes, surexposition des personnes prostituées... Et si les femmes sont incitées à dénoncer leur proxénète, elles ne bénéficient pas des protections et des droits promis en échange.
La répression par le délit de racolage passif, rétabli dans le cadre de la loi de sécurité intérieure de 2003 a fait la preuve de ses effets délétères sur les conditions de vie des personnes qu’elle est censée protéger. Leur relégation loin des centres villes, leur exposition plus grande aux violences, l’augmentation des risques de contracter des maladies infectieuses faute d’accès aux associations et aux outils de prévention ne met absolument pas en péril les réseaux de proxénétisme.
La pénalisation des clients procède de cette même illusion. Comment peut-on imaginer régler par la répression des situations qui relèvent des conditions économiques et des rapports sociaux de sexe ? Tout au plus, parvient-on à invisibiliser le phénomène ou à le déplacer géographiquement.
Le Planning Familial, en tant que mouvement féministe, replace la prostitution dans ce continuum de la domination masculine et à ce titre, lutte contre les violences de genre. Les alternatives qu’il propose visent, dans toute la société, à prendre en compte les rapports de domination, à lutter contre les inégalités femmes/hommes et à développer l’éducation sexualisée pour construire d’autres représentations du masculin et du féminin.
Fidèle à son engagement de mouvement d’éducation populaire, il agit pour que la parole des personnes concernées soit prise en compte pour, avec elles, refuser la discrimination subie dans l’application des lois sur les violences sexuelles, d’agression, de voies de fait et de harcèlement.
L’Etat doit sortir de la posture répressive qui est la sienne depuis trop longtemps pour jouer son rôle de protecteur en garantissant aux personnes en situation de prostitution, les droits sociaux communs à tous, en mettant en place des aides réelles pour celles qui veulent se sortir du système prostitutionnel. A ce jour, c’est loin d’être le cas !
Pour Le Planning Familial, cela n’épuise évidemment pas le travail global à mener contre ce système d’exploitation des êtres humains qu’est la prostitution pour peu que l’on sorte de l’opposition sclérosante entre abolitionnisme et réglementarisme, dans une impasse moralisante. Tout au moins ouvrons ce débat en inscrivant, comme le suggère le sociologue Lilian Mathieu, la prostitution en tant que question sociale et économique.
44 associations et l’ensemble des signataires de l’Appel Abolition 2012, ainsi que de nombreuses autres organisations portent le message de la nécessaire pénalisation des clients-prostitueurs et de l’abrogation du délit de racolage.
http://www.abolition2012.fr/
Abolition 2012
Communiqué de presse
Féministes, et donc pour une politique cohérente
et entière contre la prostitution !
Nous serions-nous fait mal comprendre ? Nous sommes d’accord avec
l’essentiel de l’analyse posée par le Planning Familial sur la
prostitution : symbole de la domination masculine, question sociale et
économique dont les femmes les plus précaires paient le prix fort. Il ne
s’agit évidemment pas de décréter du jour au lendemain la fin de la
prostitution ! Mais, en tout réalisme, d’engager une politique à même de
faire reculer cet archaïsme indigne de nos démocraties. Et cette
politique comporte de multiples entrées. D’où vient que les médias, et
maintenant le Planning, aient une seule obsession, la pénalisation du
client ? Le client est-il vraiment celui qu’il faut prioritairement
protéger ? Ce que nous demandons, comme le Planning, avec le même
sentiment d’urgence, c’est d’abord la fin de la répression qui pèse sur
les personnes prostituées et pour elles un véritable Plan Marshall à
même de les aider à accéder à tous les droits humains – notamment à la
santé - et à sortir d’une voie sans issue. Ce que nous demandons, c’est
un vrai travail de prévention, une éducation solide à l’égalité entre
les femmes et les hommes, à une sexualité respectueuse de l’autre. Pour
nous, cet édifice ne peut se construire en continuant de fermer les yeux
sur le comportement sexiste du client prostitueur qui fait son marché
parmi une catégorie de personnes - des femmes en immense majorité -
reléguées dans la prostitution, non seulement en raison de leur
précarité économique ou du coup de pouce des trafiquants, mais surtout
du fait de parcours souvent fracassés, marqués par toutes sortes de
violences, physiques, psychiques et sexuelles. Ce qu’ils achètent – et
c’est ce que nous refusons -, c’est l’impossibilité qu’ont ces personnes
d’exercer la liberté de leur dire non.
Si la prostitution, comme l’affirme le Planning, s’inscrit dans le
continuum des violences faites aux femmes, pourquoi le client
prostitueur, premier agresseur des personnes prostituées (comme le
montrent toutes les enquêtes), n’aurait-il pas à en répondre ? Pour
éviter une clandestinité accrue ? Mais la clandestinité est déjà là et
elle est le fait d’Internet ! Pièce maîtresse du système, le « client »
ne peut plus faire semblant d’ignorer qu’il est le moteur d’une traite
des femmes en pleine expansion. Tous les textes internationaux sur la
traite posent désormais pour première exigence de « décourager la
demande ». Ce n’est pas avec quelques incantations qu’on y parviendra.
Mais hélas avec des mesures fortes. Seuls, les radars, douloureux et
controversés, ont été capables d’éviter des milliers de morts sur les
routes.
Non, le débat entre abolitionnisme et réglementarisme n’est pas «
sclérosant ». Il relève d’un choix politique capital pour le statut –
symbolique et réel - des femmes dans nos sociétés.
Pétition
http://www.abolition2012.fr/index.php/signez-l-appel
je demande l’adoption d’une loi d’abolition du système prostitueur incluant les mesures suivantes :
1. la suppression de toutes les mesures répressives à l’encontre des victimes de la prostitution,
2. la mise en place de moyens de protection et d’accompagnement social, incluant l’accès à la santé et au logement pour toutes les personnes prostituées,
3. la mise en place de véritables alternatives à la prostitution et l’ouverture de droits effectifs pour toutes les personnes prostituées, y compris étrangères,
4. l’interdiction de tout achat d’un acte sexuel et la pénalisation des clients,
5. le renforcement de la lutte contre toute forme de proxénétisme,
6. une politique ambitieuse d’éducation à une sexualité libre et respectueuse de l’autre, et à l’égalité entre les femmes et les hommes,
7. une politique de prévention de la prostitution, et de formation et d’information à ses réalités.
j’affirme que le système prostitueur constitue
une violence inscrite dans la longue histoire de la domination masculine,
une exploitation de toutes les inégalités,
un obstacle fondamental à l’égalité entre les femmes, et les hommes
une violation des droits humains.
Parce qu’en payant pour obtenir un rapport sexuel, le client prostitueur impose sa volonté au mépris de l’autre et de son désir ;
Parce que tout acte sexuel non désiré constitue une violence ;
Parce qu’en plaçant le corps humain et la sexualité dans le champ du marché, la prostitution porte atteinte au principe fondamental de respect de la dignité de la personne et de son intégrité physique et psychique ;
Je demande l’adoption d’une loi d’abolition du système prostitueur.
Vos commentaires
# Le 1er juillet 2012 à 22:44 En réponse à : Oui, on peut être féministe et contre la pénalisation des clients !
À lire, Paola Tabet, qui a travaillé sur les différentes formes d’échanges économico-sexuels, les manières dont la sexualité des femmes est constituée en objet d’échange par et entre les hommes. Elle montre qu’on ne peut absolument pas en limiter l’analyse à ce qu’on appelle la prostitution :
http://gss.revues.org/index1227.html
# Le 5 juillet 2012 à 14:41, par Christiane En réponse à : Tranche de vie ...
Entre mama cacahuète et papa moustache
http://www.cqfd-journal.org/Entre-mama-cacahuete-et-papa