Nous sommes plusieurs dizaines de manifestantEs (étudiantEs, salariéEs, intermittentEs, précaires, grévistes ou non, Nuit Deboutistes de l’infirmerie militante de la place de la République) à avoir décidé de venir équipéEs de matériel de premiers soins en manifestation afin d’aider TOUTES les personnes victimes de la répression policière.
Face à la répression qui touche tous les mouvements sociaux, et pour citer les plus récents : les mobilisations contre l’état d’urgence et la COP21, les luttes des migrantEs de Calais et d’ailleurs, les Zad de Notre-Dame-des Landes et du Testet (souvenons-nous de la mort de Rémi Fraisse sous les grenades des Gendarmes Mobiles), et bien sûr aujourd’hui la bataille contre la « Loi Travail » et son monde.
Face aux assignations à résidence, aux interdictions de manifester, aux poursuites judiciaires, à la disparition progressive du droit de manifester.
Face aux yeux crevés par les tirs de Flash-ball, aux brûlures et contusions parfois très sérieuses des grenades lacrymogènes et de désencerclement, aux os brisés par les coups de Tonfa et face aux traumatismes psychologiques que la répression génère...
Nous sommes plusieurs dizaines de manifestant-e-s à avoir décidé de venir équipé-e-s de matériel de premiers soins afin d’aider toutes les personnes victimes des violences policières durant les manifestations et les journées de mobilisations.
Le bilan des violences policières recensées ce mardi 14 juin ne prend en compte que les témoignages des street medics présentEs au débriefing post-manif’ effectué place de la République.
Bilan provisoire du mardi 14 juin :
Pour commencer, nous tenons à souligner que cette manifestation était d’une ampleur exceptionnelle, tant par le nombre de manifestants présents que par la violence de la répression. Elle a été éprouvante pour touTEs les manifestantEs, medics compris. Plus de 100 medics venu-es de partout étaient présent-e-s pour l’événement :
La gazeuse à main était de sortie ce jour, beaucoup de camarades peuvent en témoigner, nous avons pris en charge une cinquantaine de personnes brûlées au visage, parfois à bout portant. Elle a entraîné vomissements chez deux manifestants et des troubles de la conscience chez un autre.
Le trajet de la manifestation s’est fait dans un nuage plus ou moins épais mais toujours constant de gaz lacrymogènes. Les street medics ont pris en charge plus d’une centaine de crises de panique accompagnées de nombreuses détresses respiratoires réelles, des malaises dont certains avec perte de connaissance. Comme développé dans le communiqué du 10 mai, en plus des difficultés respiratoires et des pleurs/ aveuglements, nous constatons que l’utilisation intempestive des gaz provoque beaucoup d’effets à moyen terme tel que des nausées, des difficultés respiratoires, des inflammations des voies respiratoires, des maux de têtes, des inflammations du larynx et des cordes vocales, des bronchites, de l’asthme, des troubles digestifs, etc.
Les palets de lacrymo ont également engendré de multiples blessures chez les manifestantEs, notamment au niveau des mains, de la tête et du visage. Au moins un manifestant a été évacué après avoir reçu un palet sur le front. Nous précisons que les palets lacrymogènes font des brûlures et qu’ils ont ciblé directement des gens (dont parfois des médics)
Les tirs de Lanceurs de balles de défense (remplacant du flashball) ont également fait des dégâts, de nombreux hématomes aux membres inférieurs et supérieurs, au moins trois personnes ont reçu des balles défense 40mm dans l’abdomen.
Mais en ce 14 juin, ce sont les grenades de désencerclement (GD) explosant au sol ou des grenades lacrymogènes à tir tendu et les coups de tonfa des multiples charges essuyées par les manifestantEs qui ont causé le plus de dégâts parmi nous.
En effet, les Grenades Désencerclantes ont causé des hématomes, des plaies, des brûlures au niveau des pieds, mollets, tibias, cuisses, fesses, parties génitales, abdomens, bras et mains, visages et têtes. En tout nous avons eu à soigner entre 90 et 100 blessures dues au G.D. et au matraquage, dont une vingtaine a du être évacuée. Nombre d’entre nous, manifestantEs contre la loi Travaille et son monde, souffraient d’acouphènes ce soir-là. Une personne a eu un doigt luxé, 3 personnes se sont retrouvées avec des éclats enfoncés dans le thorax, une personne a perdu connaissance suite à un tir tendu occasionnant une plaie au front, il a été évacué. Un manifestant a également reçu une grenade dans le dos, au niveau des cervicales, provoquant une plaie grave. Il a été évacué par les pompiers.
Les charges et matraquages intempestifs tout au long du chemin ont nécessité des soins au niveau des membres mais surtout au niveau de la tête et du visage : arcades ouvertes, plaies et hématomes du cuir chevelu, pommettes, mâchoires, lèvres, suspicion de fracture du nez, plaie ouverte sous l’œil, plaie au niveau du crâne avec arrachement au niveau du cuir chevelu... une centaine de manifestantEs ont été prisES en charge lors de ces charges.
Toutes ces charges ont provoqué moult mouvements de foule, nous, manifestantEs, avons été victimes de chute, piétinéEs par les forces de l’ordre (suspicion de côtes félées), nous sommes fouléEs des chevilles, le tout toujours au milieu des gaz...
En tout, nous avons pris en charge des centaines de manifestantEs ce mardi, (pour information, la préfecture annonce un bilan de " 17 manifestants tous en urgence relative", à quelle manifestation étaient-ils ?) et soulignons, encore une fois, la fulgurante escalade de la répression au fil des manifestations. Cette journée a été éprouvante pour nous tou-te-s, mais n’entame en rien notre détermination !
Nous ne sommes ni sauveteuses, ni sauveteurs, juste des manifestantEs qui se préfèrent debout plutôt qu’à genoux ! La solidarité est notre arme !
Des manifestantEs / street medics, présentEs à la manifestation du 14 juin 2016.
Pour prendre contact ou apporter un témoignage : street-medic chez riseup.net
Vous trouverez des versions actualisées sur la page facebook : Street Medic Paris.
Bilan provisoire :
La majeur partie des blessés que nous avons pris en charge, étaient dus à des coups de tonfa, et des tirs de grenades :
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