Une tribune pour les luttes

La lettre d’information du site "la voie du jaguar"

Cette lettre recense les nouveautés publiées depuis 14 jours

Article mis en ligne le dimanche 18 octobre 2020

Nouveaux articles


** Cinquième partie
"Le regard et la distance à la porte" **

par SCI Galeano - 16 octobre 2020

Supposons qu’il est possible de choisir, par exemple, le regard.
Supposons que vous pouvez vous libérer, ne serait-ce qu’un moment, de la
tyrannie des réseaux sociaux qui imposent non seulement ce qu’on regarde
et ce dont on parle, mais aussi comment regarder et comment parler.
Donc, supposons que vous relevez les yeux. Plus haut : de ce qui est
local à ce qui est régional ou à ce qui est national ou à ce qui est
mondial. Vous regardez ? Oui, un chaos, un fouillis, un désordre. Alors
supposons que vous êtes un être humain, enfin, que vous n’êtes pas une
application numérique qui, à toute vitesse, regarde, classifie,
hiérarchise, juge et sanctionne. Alors vous choisissez ce que vous
regardez… et comment regarder. Il se pourrait, c’est une supposition,
que regarder et juger ne soient pas la même chose. Ainsi, vous ne faites
pas que choisir, vous décidez aussi. Changer la question "ça, c’est mal
ou bien ?" en "qu’est-ce que c’est ?". Bien sûr, la première question
conduit à un débat agréable (il y a encore des débats ?). Et ensuite au
"ça, c’est mal — ou bien — parce que je le dis". Ou, peut-être, il y a
une discussion sur ce qu’est le bien et le mal, et de là, des arguments
et des citations avec notes de bas de page. C’est vrai, vous avez
raison, c’est mieux que de recourir à des "likes" et des "pouces en
l’air", mais je vous ai proposé de changer de point de départ :
choisir la destination de votre regard. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Cinquieme-partie-Le-regard-et-la-distance-a-la-porte

** "L’Étrange Étranger
Écrits d’un anarchiste kabyle" **

par Ernest London - 14 octobre 2020

Mohamed Saïl (1894-1953) fut toute sa vie un ardent militant contre le
colonialisme et le capitalisme. Déserteur lors de la Première Guerre
mondiale, engagé dans la colonne Durruti pour combattre le fascisme et
défendre la révolution, il n’a cessé d’écrire pour la presse
anarchiste en France et en Algérie. Francis Dupuis-Déri a rassemblé ici
une trentaine de ses articles, rédigés de 1924 à 1951.

À de nombreuses reprises, notamment dans les colonnes du "Libertaire"
et du "Flambeau", il dénonce les conditions imposées aux "indigènes
algériens", en particulier par le Code de l’indigénat : "’Tous les
hommes naissent libres et égaux en droit.’ C’est la Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen qui raconte cela. Mais il est facile
de prouver que cette égalité n’a jamais existé pour nous, indigènes
algériens. Nos droits, les voici, tels que les comprennent les canailles
sanguinaires, les pirates rapaces qui, sous prétexte de colonisation,
nous ont apporté les soi-disant ’bienfaits’ de leur ’civilisation’.
Ils consistent à voir les terres sur lesquelles nous sommes nés, que
de père en fils nous fécondions de notre labeur, qui nous donnaient
de quoi vivre librement et fièrement, accaparées par nos ’bienfaiteurs’.
[…] Nous avons un autre ’droit’ que ne nous contestent pas, au
contraire, les entrepreneurs de charniers patriotiques, c’est celui
d’aller crever sur les champs de bataille pour la défense de la France
si généreuse." (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/L-Etrange-Etranger-Ecrits-d-un-anarchiste-kabyle

** 17 novembre 2020
Agissons contre la réintoxication du monde ! **

par Appel 17 juin - 12 octobre 2020

Dans la première moitié de l’année 2020, le déferlement viral aura
provoqué un ralentissement inédit de la dévitalisation marchande de
la planète. Au cœur du confinement s’est alors diffusée une lucidité
partagée, mais trop souvent désarmée et isolée, quant à l’urgence de
faire barrage in extremis à la production du désastre.

Le 17 juin dernier, alors que la machine se réemballait de plus
belle, plus de 70 actions, blocages, rassemblements se sont déployés
simultanément à travers le pays. Ils ont matérialisé un premier grand
rebond de luttes de terrain contre la réintoxication du monde.

C’est pour donner une nouvelle fois corps à ce front commun, frappant
par son énergie et sa diversité, qu’un ensemble de collectifs réunis
le 30 août dernier à l’occasion d’un rassemblement sur la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes ont décidé d’appeler à une seconde vague
d’actions coordonnées le 17 novembre prochain.

Les mobilisations locales du 17 juin ont dessiné une première
cartographie postconfinement des sites de production destructeurs
qui doivent s’arrêter, d’espaces naturels — forêts, zones humides,
terres cultivables, friches urbaines — qui ne doivent pas être
artificialisés, des chantiers écocides qu’il faudra paralyser (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/17-novembre-2020-Agissons-contre-la-reintoxication-du-monde

** Sixième partie
"Une montagne en haute mer" **

par EZLN, SCI Moisés - 11 octobre 2020

Comité clandestin révolutionnaire indigène
Armée zapatiste de libération nationale
Mexique, 5 octobre 2020

Sœurs, frères, sœurs-frères,
Compañeras, compañeros, compañeroas,

Nous, peuples originaires de racine maya et zapatistes, vous saluons
et vous disons que ce qui est venu à notre pensée commune, d’après ce
que nous voyons, entendons et sentons.

Un. Nous voyons et entendons un monde malade dans sa vie sociale,
fragmenté en millions de personnes étrangères les unes aux autres,
s’efforçant d’assurer leur survie individuelle, mais unies sous
l’oppression d’un système prêt à tout pour étancher sa soif de
profits, même alors qu’il est clair que son chemin va à l’encontre
de l’existence de la planète Terre.

L’aberration du système et sa stupide défense du "progrès" et de
la "modernité" volent en éclats devant une réalité criminelle : les
féminicides. L’assassinat de femmes n’a ni couleur ni nationalité,
il est mondial. S’il est absurde et déraisonnable que quelqu’un soit
persécuté, séquestré, assassiné pour sa couleur de peau, sa race, sa
culture, ses croyances, on ne peut pas croire que le fait d’être femme
signifie une sentence de marginalisation et de mort. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Sixieme-partie-Une-montagne-en-haute-mer

** "La Grande Transformation" (VI) **
par Georges Lapierre - 8 octobre 2020

Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
"La Grande Transformation" (à suivre)

L’argent est la représentation de l’idée d’échange, il la
matérialise en quelque sorte. Il est à la fois l’idée d’échange et
le moyen par lequel l’échange se réalise (la monnaie d’échange).
Dans notre société l’idée de l’échange est au départ de toute
l’opération comme représentation et elle déclenche tout le mouvement
de la pensée jusqu’à sa conclusion : l’échange réalisé. Nous
retrouvons l’argent à toutes les étapes de l’opération : au départ,
c’est le capital financier ; au cours du mouvement de la pensée, de
la production d’un bien à échanger — ce que j’appellerai, à la suite
de Hegel, la suppression du travail en vue de l’objet à produire —,
c’est l’argent comme investissement, et cet investissement prend
généralement la forme de la dette ; à la fin du processus nous
retrouvons l’argent comme monnaie universelle d’échange : des
marchandises contre de l’argent. Tout au long de l’opération nous
trouvons le marchand et les banques. Le rôle des banques consiste
principalement à prêter de l’argent en vue de la production d’un bien
qui entrera dans la ronde des échanges. Elles sont les dépositaires
du capital, de l’argent qu’elles vont investir sous forme de prêt (et
de dette) à l’entrepreneur — du petit entrepreneur, au patron d’usine,
et à l’État — et cet argent est garanti par l’État, par cette
connivence implicite qui lie l’État aux marchands et aux banques ;
enfin ce sont encore les banques qui récupèrent sous forme de
remboursement de la dette avec intérêt les sommes qu’elles avaient
investies dans la production d’une marchandise et de son échange
avec toutes les autres marchandises. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-VI

** L’économie comme arme globalisée de l’État **
par Louis de Colmar - 5 octobre 2020

La temporalité de l’État doit être distinguée de la temporalité du
capitalisme, la première est largement plus longue que la seconde,
et leurs critiques ne se recouvrent donc pas entièrement. La critique
du capitalisme ne recouvre pas la critique de l’État, et elles ne
ressortissent pas exactement à la même logique, à la même temporalité.
C’est pour moi la critique de l’État qui englobe la critique du
capitalisme, et non pas la critique du capitalisme qui intègre la
critique de l’État. Considéré sur le long terme, je dirais que le
capitalisme est une expression particulière d’une crise historique
de l’État sur le temps long. La critique de l’État ne doit pas être
menée au nom de ses "excès" autoritaires, mais au nom de l’idéal de
rationalité et de régulation dont il se réclame : se concentrer sur
l’autoritarisme c’est prendre l’effet pour la cause, alors qu’il
devrait plutôt être considéré sous l’angle d’une perversion de sa
logique plutôt que sous celui d’une essence première. Il y a une
sorte d’homothétie entre une définition anthropologique de l’homme
et une définition correspondante de l’État : c’est cette unité qu’il
convient de remettre en cause, et non dénoncer l’État au nom de sa
propre définition de l’homme. De même que le capitalisme ne doit pas
être combattu (seulement) pour ses excès (injustices, répartition
inégale des richesses, etc.), de même l’État ne doit pas (seulement)
être combattu pour ses excès (autoritarisme, inégalités juridiques,
lacunes dans la sélection des élites aristocratique, etc.) mais pour
l’idéal de gestion rationnel qu’ils prétendent au même titre mettre
en œuvre. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/L-economie-comme-arme-globalisee-de-l-Etat


LA VOIE DU JAGUAR • informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective • lavoiedujaguar chez riseup.net • http://lavoiedujaguar.net

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