Une tribune pour les luttes

Des familles Roms menacées d’expulsion à Aix-en-Provence

Jugement le 2 septembre au TGI

Article mis en ligne le dimanche 10 août 2008

Voila trois ans qu’un collectif d’associations s’efforce de répondre aux urgences de ces familles avec de très nombreux enfants démunies de tout et qui campent sur le plateau du Réaltor à quinze Km du centre ville d’Aix. Après diverses menaces, la mairie a engagé auprès du TGI une procédure d’expulsion du terrain, prétextant le risque d’incendie. Grâce à une forte mobilisation associative et la présence d’une avocate compétente, le tribunal a reporté le jugement au 2 septembre. La mobilisation associative sera plus que jamais nécessaire pour faire valoir au moins un point de vue humanitaire.

Aix-en-Provence, le 23 juillet 2008

Le Secours Catholique à propos de la menace d’expulsion des ROM de l’Arbois
En partenariat avec les associations présentes auprès de Roms de l’Arbois : ASTI - Association Jeunes Errants - Croix Rouge-Cabriès - Ligue des droits de l’homme - Médecins du Monde - MRAP-Vitrolles - Rencontres Tziganes - Pastorale des Migrants - Secours Populaire Français

Ça nous dérange…

Il est question d’expulser les 7 familles Rom qui occupent un terrain à l’écart, sur le plateau de l’Arbois. 7 familles, c’est presque comme dans le jeu ; dans le détail, ça fait 20 adultes, dont 5 grands-parents, 33 enfants dont 2 nourrissons. Sauf que ça n’a rien d’un jeu. Pour les voir, il faut vraiment faire le détour. Ces familles ont fui la Serbie en raison des persécutions et des discriminations (dans l’accès à l’emploi, au logement et à l’éducation) dont ils ont été victimes à répétition du fait de leur origine Rom. Ces sept familles vivent aujourd’hui sur un terrain vague - par définition non viabilisé-, dans de vieilles caravanes et des cabanes construites de bric et de broc aux allures de bidonville. Les conditions d’hygiène (absence d’eau chaude, d’électricité et de commodités, ramassage des ordures arbitraire) et de sécurité (chauffages dangereux) sont déplorables, sans parler du problème de l’éducation des enfants.

Question : ces personnes qui occupent illégalement ce terrain ont-elles légalement le droit de vivre ?

Depuis deux ans, nous avons pu mettre en place une aide alimentaire conséquente, des soins réguliers et un suivi sérieux de la santé, grâce à la PMI qui intervient déjà auprès des gens du voyage (dont le terrain est voisin), grâce aussi à Médecins du monde qui assure un certain suivi des adultes. Toute l’année, il y eut aussi de l’accompagnement scolaire, une animation pour les enfants le mercredi, des rencontres avec les femmes pour les aider à se prendre en charge et à être plus solidaires entre elles... Fin juin, après moult démarches et beaucoup de persévérance la scolarisation de tous les enfants en âge de l’être sera effective à la rentrée. Un projet éducatif est actuellement en train de voir le jour avec un triple objectif : occuper les enfants durant les longues vacances ou les autres plus courtes (= frein à la violence et à la délinquance), permettre à ces enfants de s’approprier leur identité culturelle et valoriser leur image auprès de leurs camarades d’école. Voir le projet en annexe. Et ce sont toutes les associations partenaires qui se sont fédérées pour trouver un financement à ce projet. Si tout cela est ignoré, et tombe à l’eau, la situation sera-t-elle meilleure ? Est-il admissible de laisser penser que la population aixoise abandonne les valeurs républicaines et humanistes ? Qui peut admettre qu’Aix ne puisse plus supporter les personnes en détresse et qu’il lui est préférable de les repousser le plus loin possible vers la périphérie, ou de les expulser ? Ces Rom vivent à 15 km du centre ville entre refuge de chiens et décharge des ordures… Alors bien sûr, « ces familles n’ont rien à faire là » et « c’est pas à nous de porter la misère des autres » et « si on commence, on s’arrête où ? » et … tout ce que chacun a dans les oreilles lorsqu’il s’agit de se soustraire en toute bonne conscience à un devoir d’humanité… sont entendues ici et là, souvent de façon impersonnelle. En attendant, ces familles sont là, qui ne sont ni des taupes ou des moustiques ou quel qu’autre nuisible. Des mères galèrent, deux bébés ont sans doute déjà perçu que leur vie dépendra surtout de la rage qu’ils auront à la mener, des enfants grandissent comme ils peuvent, apprenant des règles de (sur)vie peu recommandables souvent. Ce n’est même pas de droits de l’homme dont il s’agit ici, mais plus fondamentalement et plus simplement d’humanité. Pour le Secours Catholique, notre dignité dépend de celle que nous reconnaissons à tout être humain, quelle que soit sa situation, et aussi de la façon dont nous agissons à ce propos. Le Secours Catholique considère qu’une expulsion constitue une réponse inefficace en termes d’humanité, d’éducation, ou d’ordre public. Cela ne fait que déplacer le problème et faire régresser les démarches constructives engagées. Le Secours catholique, en lien avec les associations partenaires citées, considère que la dignité de ces personnes, déjà malmenée est gravement menacée en cas d’expulsion. Nous invitons la municipalité à chercher d’autres solutions. Nous sommes disposés à y contribuer pour notre part. Des réponses existent déjà. D’autres sont à inventer. Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous serons plus efficaces.

Christian GOURGOUILHON, Hélène MAYER, Directeur diocésain Responsable chargée de mission « ROM »

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