Une tribune pour les luttes

Actuellement une famille tchétchène est enfermée au centre de rétention de Marseille

La place d’un enfant n’est pas en prison !

Article mis en ligne le jeudi 29 juillet 2010

L’été semble être une période propice pour les mauvais coups.

Souvenons-nous : fin juillet-début août 2009, successivement deux familles de philippins avec une petite fille de 4 ans se retrouvent au centre de rétention administrative du Canet (CRA). La 1ère, maintenue en rétention par le JLD sera libérée en appel.
Pour la 2e, la famille Santos, ce sera après 17 jours de rétention, en pleine chaleur, dans un lieu où la seule distraction pour une enfant est une cour fermée, au plafond grillagé, avec... un toboggan et une balançoire. Ce cas avait ému la France entière. Malgré l’intransigeance du préfet des Alpes-Maritimes, la famille avait été libérée le jour prévu pour leur expulsion. Et comme par miracle, quelques semaines après sa libération, la famille était régularisée, son dossier devenant recevable pour l’administration…

Aujourd’hui, c’est un couple tchétchène avec une petite fille de 2 ans et demi, qui est depuis 3 jours au CRA du Canet. Rentrés en Europe par la Pologne, ils se sont retrouvés à Nice, hébergés dans un foyer-hôtel où ils ont été arrêtés et transférés à Marseille (où le CRA est habilité à accueillir des enfants !).
Parce qu’entrée sur le territoire européen par la Pologne, la famille doit être expulsé le 29 juillet vers la Pologne ! Un règlement européen nommé « DublinII » veut désormais qu’un demandeur d’asile entrant en Europe par un pays doit déposer sa demande d’asile dans ce premier pays traversé. La France se débarrasse ainsi de nombreux demandeurs d’asile en les renvoyant vers des pays tiers plutôt que de leur assurer une protection effective.
Qu’est-ce qui attend cette famille tchétchène en Pologne ? Ils seront soit placés dans des "centres gardés pour étrangers" indignes et dangereux ou des "centres de déportation", avec ensuite le risque d’être expulsés vers l’Ukraine puis la Russie ; soit ils obtiendront pendant 1 an le statut de "résident toléré" qui n’inclut ni les droits sociaux (scolarisation, santé, hébergement...) ni la liberté de mouvement hors de Pologne.

Pour les russes (en quasi totalité tchéchènes), le taux de reconnaissance du statut de réfugié en Pologne est très bas : 3% en 2007 (34% en France cette même année, chiffres de l’UNHCR).

Nous insistons sur le fait que le préfet peut décider de les admettre au séjour en France pour raisons « humanitaires » afin qu’ils puissent déposer une demande d’asile en France. Lorsque les familles ont eu des soutiens et des mobilisations en leur faveur, les préfets ont admis plusieurs fois des personnes sous DublinII au séjour en vue du dépôt de leur demande d’asile.

Au Resf, nous les avons visités au CRA. Ils semblent résignés à retourner en Pologne le 29/7, tous leurs espoirs dans la France, qui fut terre d’accueil et d’asile se sont effondrés.

Une cellule, une cour grillagée, ce n’est pas un lieu pour un petit enfant, fût-il avec ses parents. Nous ne devons pas nous habituer.

Article site resf 13

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