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Gouvernement criminel : un couvre-feu pour masquer le drame qui se joue dans les hôpitaux

+ Communiqué du NPA "Non au Couvre feu, des moyens pour la santé !"

Article mis en ligne le vendredi 16 octobre 2020

En guise de solution face à la crise sanitaire, Macron a décrété mercredi un couvre-feu dans huit métropoles entre 21h et 6h. Une gestion répressive de l’épidémie qui masque le manque de moyens toujours plus dramatique dans le secteur de la santé et face à laquelle il nous faut imposer notre propre programme d’urgence sanitaire.

La gestion erratique de la crise sanitaire par le gouvernement a pris un nouveau tournant depuis mercredi soir, lorsque Macron a annoncé la mise en place d’un couvre-feu en Île-de-France et dans plusieurs autres métropoles. Le choix d’une réponse répressive face à la hausse du nombre de cas positifs de Covid 19 et surtout au nombre croissant d’hospitalisations.

Mais l’incohérence de cette stratégie gouvernementale est largement dénoncée. De fait, le couvre-feu est une méthode répressive qui porte atteinte à la vie sociale et à la liberté de circulation. Or, si le gouvernement n’hésite pas à viser les événements publics ou privés, alors même que ceux-ci représentaient une part marginale des clusters en cours d’investigation, et ce bien que ceux-ci ne constituent pas la totalité des contaminations, il reste largement muet sur la situation dans les établissements scolaires et universitaires, les hôpitaux mais aussi les entreprises, principaux foyers de contamination.

Venu hier après-midi défendre la mesure annoncée par Emmanuel Macron, Jean Castex a prolongé ce silence, allant même jusqu’à mentir ouvertement.« Au travail, à l’école, dans les transports… nous sommes parvenus au bon point d’équilibre » a ainsi justifié le Premier Ministre, mettant sous le tapis les nombreuses critiques qui pointent l’impossible respect des gestes-barrières et la gestion opaque de l’épidémie dans les entreprises, à l’école ou dans les transports.

En d’autres termes le gouvernement est prêt à faire courir tous les risques aux travailleurs pour le profit d’une minorité de patrons, et à laisser les universités, les écoles et les transports fonctionner sans moyens supplémentaires pour y limiter la transmission du virus, mais il n’hésite pas à s’en prendre aux libertés démocratiques élémentaires quand il s’agit de la vie sociale. Alors que 325 millions d’euros supplémentaires vont être alloués au budget de la police, Macron ne cherche même pas à cacher la priorité qu’il accorde à la répression.

Par dessus-tout, cette nouvelle offensive répressive et anti-démocratique du gouvernement masque sa responsabilité première dans la reprise de l’épidémie et l’approfondissement de la crise sanitaire. Car depuis le début du confinement aucun lit supplémentaire n’a été ouvert en réanimation et les soignants se retrouvent en première ligne d’une situation ingérable, sans aucun moyens humains, matériels ou financiers mis à leur disposition. Une situation dans laquelle Jean Castex a, là encore, choisi de nier toute responsabilité du gouvernement en expliquant : « J’entends dire que la bonne réponse aurait été de créer massivement des lits supplémentaires en réanimation plutôt que de prendre des mesures de freinage de l’épidémie. C’est doublement faux. Aucun système hospitalier ne serait capable de faire face aux conséquences d’une telle épidémie, qui pourrait conduire à des dizaines de milliers d’hospitalisations graves si nous ne faisions rien en amont pour l’enrayer. »

Une déclaration en contradiction avec la réalité des soignants qui alertent depuis le début de l’épidémie, mais aussi bien avant, sur la situation de l’hôpital. Isalyne, interviewée par Révolution Permanente rappelle ainsi que les soignants ont alerté sur le risque d’une deuxième vague. « Après le confinement, on savait qu’on allait galérer et que l’épidémie repartirait. Olivier Véran est venu visiter nos urgences en juillet, et quand on lui a demandé ce qu’il comptait faire pour la deuxième vague, il a répondu qu’il n’était « pas sûr qu’il y aurait une deuxième vague ». On lui a également demandé s’ils allaient recevoir les soignants pour parler de la deuxième vague, mais on n’a pas eu de réponse. » note-t-elle avant de décrire la situation actuelle. « Nous ne sommes pas encore remis de la première vague que ce soit psychologiquement et physiquement. On nous en demande toujours plus, dans un contexte où l’on a moins d’aides que lors de la première vague. On sait qu’ils ne recruteront pas, si bien que l’on est très sollicités pour faire des heures supplémentaires. On se retrouve donc avec un jour de repos par semaine tandis qu’on manque de matériel avec des stocks qui ne sont pas adaptés. »

Ce sont bien les politiques gouvernementales qui ont totalement détruit l’hôpital public qui sont les premières responsables de la crise sanitaire actuelle. Ces sept dernières années, 13 600 lits d’hôpitaux ont été fermés, conséquence des coupes budgétaires et des attaques ciblant les services publics. Plus récemment rien n’a été mis en place pour rendre efficace la politique de dépistage prônée par le gouvernement, car si les laboratoires privés ont fait du chiffre sur les campagnes de tests, aucun moyen n’a été investi pour briser les chaînes de contagion : le temps d’attente pour les résultats d’un test Covid dépasse souvent le délai d’isolement des salariés.

Aujourd’hui, les soignants connaissent un tel sous-effectif que certains d’entre eux ayant été testés positifs au Covid 19 mais ne présentant pas de symptômes sont rappelés pour travailler à l’hôpital, au risque de contaminer les patients et leurs collègues ! C’est notamment le cas à Nantes, comme le rapporte France Bleu. Un scandale pourtant assumé par le Haut conseil de la santé publique qui affirmait dans un avis datant de mai 2020 que : « Dans le cas où un personnel non remplaçable serait porteur du SARS-CoV-2 et asymptomatique, la possibilité dégradée d’un maintien en poste avec un renforcement des mesures de précaution et d’hygiène est envisageable afin que la balance bénéfice/risque ne soit pas défavorable ».

« C’est d’autant plus compliqué que nous ne sommes pas encore remis de la première vague que ce soit psychologiquement et physiquement, témoignait une aide-soignante cette semaine. C’est très compliqué pour nous. On nous en demande toujours plus, dans un contexte où l’on a moins d’aides que lors de la première vague. On sait qu’ils ne recruteront pas, si bien que l’on est très sollicités pour faire des heures supplémentaires. On se retrouve donc avec un jour de repos par semaine tandis qu’on manque de matériel avec des stocks qui ne sont pas adaptés. »

Ce sont les politiques gouvernementales qui ont totalement détruit l’hôpital public qui sont les premières responsables de la crise sanitaire actuelle. Ces sept dernières années, 13 600 lits d’hôpitaux ont été fermés, conséquence des coupes budgétaires et des attaques ciblant les services publics. Plus récemment rien n’a été mis en place pour rendre efficace la politique de dépistage prônée par le gouvernement, car si les laboratoires privés ont fait du chiffre sur les campagnes de tests, aucun moyen n’a été investi pour briser les chaînes de contagion : le temps d’attente pour les résultats d’un test Covid dépasse souvent le délai d’isolement des salariés. Aujourd’hui, les soignants connaissent un tel sous effectif que certains d’entre eux ayant été testés positifs au Covid 19 mais ne présentant pas de symptômes sont rappelés pour travailler à l’hôpital, au risque de contaminer les patients et leurs collègues !

« Dans le cas où un personnel non remplaçable serait porteur du SARS-CoV-2 et asymptomatique, la possibilité dégradée d’un maintien en poste avec un renforcement des mesures de précaution et d’hygiène est envisageable afin que la balance bénéfice/risque ne soit pas défavorable » a ainsi déclaré le Haut conseil de la santé publique.

« Les hospitaliers sont considérés comme de la chair à canon, témoigne Yves Morice, secrétaire du syndicat Sud au CHU de Rennes, auprès des journalistes de France 3. En début d’année, le ministre de la Santé assurait que tous les soignants contaminés seraient pris en charge comme maladie professionnelle. Avant de faire marche arrière : seuls ceux qui ont eu besoin d’une aide respiratoire, qui sont allés en réanimation, seront couverts par la maladie professionnelle… alors que certains, qui se sont confinés chez eux, car malades, ont encore des séquelles. Le message, c’est : quand vous tombez malades au travail, vous n’êtes pas reconnus. Mais en plus, si vous êtes asymptomatiques, vous devez aller bosser. C’est ça, le cynisme. »

C’est précisément en dénonçant ce double discours du gouvernement, qui appuie sur la responsabilité individuelle et investit dans les moyens répressifs face à la crise mais méprise l’hôpital, que les soignants se sont mobilisés ce jeudi 15 octobre. « Le Ségur personnellement on n’en voit aucun effet, à part 90€ supplémentaires sur nos salaires depuis septembre, explique Isalyne, aide-soignante à Créteil. Quand j’entends l’État dire que ce n’est pas un problème de moyens mais un problème d’organisation, moi je dirais plutôt que le problème d’organisation vient du manque de moyens. Quand on a du matériel défectueux qui ne peux être remplacé par faute de moyens financiers c’est difficile d’organiser un service. »

C’est pourquoi, à l’opposé de la gestion répressive de la crise par le gouvernement, il faut que l’ensemble des travailleurs, qui risquent leur santé et leur vie chaque jour pour « la vie économique » du pays, appuient les revendications et le combat des soignants. Ce n’est pas un couvre-feu imposé de force dont on a besoin, mais de la formation et l’embauche massive de personnel soignant, l’ouverture de nouveaux services dans tout le secteur de la santé, l’ouverture de lits, des augmentations de salaires et l’arrêt de la dérégulation du travail permise par le « Ségur de la santé », ainsi qu’une véritable sécurité sociale à la hauteur des besoins des soignants et de la population.

Comme nous l’écrivions déjà en avril : « La fermeture des entreprises non essentielles par les salariés ou la réorganisation de la production sous leur contrôle est un aspect central de la résolution de la crise, que le patronat n’a pas été capable de mener. La réquisition de toutes les infrastructures capables d’accueillir les malades et les personnes à risque et à la rue, doit accompagner une campagne massive de tests et masques gratuits capable d’isoler tous les contaminés (y compris asymptomatiques) et briser les chaines de contamination. Ces revendications, que le gouvernement continue de rejeter au nom des intérêts du patronat, devront être imposées par la classe ouvrière qui joue sa vie dans cette pandémie, par un plan de bataille pour imposer notre propre issue. »

Lire l'article sur le site de Révolution Permanente


Communiqué du NPA

Non au couvre-feu, des moyens pour la santé !

La mesure était sortie dans les médias comme un ballon d’essai, et Macron vient de le confirmer. Incapable de répondre à l’épidémie depuis son arrivée en France, le pouvoir n’a aujourd’hui comme unique réponse à proposer que le couvre-feu de 21h à 6h dans les zones géographiques à risque, soit l’Île-de-France et huit métropoles. Une nouvelle mesure de restriction des libertés individuelles au nom de la lutte contre le Covid-19, alors que cette deuxième vague n’a rien d’une fatalité.
Non au couvre-feu, des moyens pour la santé !

La mesure était sortie dans les médias comme un ballon d’essai, et Macron vient de le confirmer. Incapable de répondre à l’épidémie depuis son arrivée en France, le pouvoir n’a aujourd’hui comme unique réponse à proposer que le couvre-feu de 21h à 6h dans les zones géographiques à risque, soit l’Île-de-France et huit métropoles. Une nouvelle mesure de restriction des libertés individuelles au nom de la lutte contre le Covid-19, alors que cette deuxième vague n’a rien d’une fatalité. Le sens fondamental de cette nouvelle mesure, Macron ne s’en est même pas caché, c’est que « la vie économique », c’est-à-dire la machine capitaliste à faire travailler la majorité pour le profit de quelques-uns, ne peut pas s’arrêter, ne doit pas s’arrêter, coûte que coûte...

Dans quelques jours, nous aurons donc le droit de porter à peu près partout des masques que nous aurons dû nous-même acheter, de nous entasser dans les transports en commun et au travail, au détriment de la distanciation physique… mais par contre il sera impossible d’avoir un minimum de vie sociale, familiale, amicale, de distraction, en dehors de son boulot !

Depuis des mois, Macron et ses amis n’ont rien fait pour éviter ce rebond de l’épidémie. Sans aucune organisation, la politique de dépistage s’est effondrée, permettant juste aux labos privés de « faire du chiffre » mais pas de briser les chaînes de contagion. Et les hôpitaux n’ont eu les moyens ni de recruter ni de former pour faire face à l’épidémie. Il n’y a eu aucun plan d’ouverture de lits, comme le demandent pourtant les hospitalierEs et leurs syndicats qui se mobilisent à nouveau demain et pour lesquels Macron n’a visiblement rien à proposer. À l’évidence, le traitement sanitaire de cette épidémie, qui passe par le développement de notre système de santé, de ses établissements, n’est pas le soucis de ce gouvernement.

Le pouvoir croit-il vraiment que nous allons accepter ces mesures improvisées et incohérentes, et ces attaques contre nos droits sociaux et nos libertés alors qu’aucune politique publique sanitaire n’est réellement mise en œuvre ? C’est l’inverse de ce que fait le gouvernement qu’il faut défendre. Le NPA construira et soutiendra toutes les mobilisations portant des mesures d’urgence sanitaire et sociale : la gratuité des protections (masques…), la réquisition des laboratoires d’analyse médicale pour organiser la politique de dépistage, l’ouverture massive de lits et l’embauche de 120 000 personnels soignants à l’hôpital sur postes statutaires, avec des revalorisations salariales de 300 euros pour touTEs. Des mesures qu’il faudra leur arracher, par la lutte, jour et nuit s’il le faut.

Le NPA va prendre au plus vite contact avec l’ensemble des organisations progressistes pour construire une riposte collective aux plans que nous réserve Macron pour les mois qui viennent.

Montreuil, le mercredi 14 octobre 2020

Lire le communiqué sur le site de Révolution Permanente

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