Le terrain de Grand Littoral (quelques centaines de Roms) de Marseille devait être expulsé le 2 avril (cela en dépit de ce que la parcelle expulsée n’était pas celle indiquée par le Tribunal, mais qu’importe, ce ne sont que des Roms !).
Pressions policières bien faites, par peur de ces violences les habitants ont fini de déguerpir le 1er. Donc la Préfecture "n’a pas expulsé", elle se contente de "nettoyer un terrain abandonné" ! Et tout est fait dans la légalité, sans aucune solution pour personne ni aucun relogement même provisoire (ils avaient promis 6 nuits d’hôtel pour se donner bonne conscience, ce qui évidemment ne règle rien), nos impôts ont donc fait une économie non négligeable.
Alors je vous transmets cette lettre de Gustave Flaubert à George Sand, c’est le meilleur commentaire.
M. D.
Lettre de Flaubert à George Sand (juin 1867)
« Je me suis pâmé, il y huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis a Rouen. Voila la troisième fois que j’en vois et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols et j’ai entendu de jolis mots à la Prud’homme. Cette haine là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.
C’est la haine que l’on porte au bédouin, à l’hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m’exaspèrent.
Du jour où je ne serais plus indigné, je tomberais a plat comme une poupée à qui on retire son bâton. »