Zyed et Bouna Marseille n’oublie pas
Ce lundi 18 Mai 2015, 10 ans après, se tenait à Rennes la délibération du procès de deux des quatorze policiers impliqués dans leur mort. Le tribunal a rendu un verdict sans surprise et prononcé la relaxe. Cette décision, qui souligne une énième fois l’éternelle impunité de la police, démontre que le corps judiciaire a choisi de mépriser la souffrance des familles, de nier l’importance des révoltes, et de piétiner le principe même de justice.
Un appel national à se mobiliser avait préalablement été lancé par les familles de Bouna et Zyed.
A Marseille, nous étions une centaines de personnes à nous réunir progresivement à l’angle de la Canebière et de la Rue de Rome. Une banderole en la mémoire des deux disparus y était déployée et un micro y était ouvert. Un jeune d’une vingtaine d’années a exprimé, avec simplicité, ce qu’il a ressenti à l’époque des faits. Puis un étudiant de la Fac de Toulouse a éclairé les personnes présentes sur la situation de Gaetan, étudiant condamné à six mois de prison après avoir été arrêté lors d’une manifestation contre les violences policières. La lettre ouverte de Farid el Yamni (frère de Wissam El Yamni, assassiné par la police le 1er Janvier 2012 à Clermont Ferrand) à la mère de Rémi Fraisse a également été lue.
Ensuite, tout le monde s’est spontanément dirigé vers le Palais de Justice, banderole en tête, scandant en choeur des mots d’indignation. Une rangée composée d’une dizaine de policiers en position de défense y attendait le cortège, protégeant le batiment. Nous avons occupés le parvis, tenant notre banderole en leur direction. Ils défiaient nos regards ; nous nous tenions debout. À l’image de Samia, la mère de Mourad (adolescent de 16 ans, tombé d’un balcon, poussé par un policier), qui a tenu dignement à crier sa colère ainsi que sa détermination à se battre pour la mémoire de son fils.
Jo, du collectif "Angles Morts" a également pris la parole pour rappeler vivement les raisons de notre présence. D’autres témoignages, empreints de révolte et avides de justice, ont continué à se succéder.
Avant de quitter les lieux, nous avons allumé des bougies en la mémoire de Zyed et Bouna tout en marquant "une minute de bruit". Comme pour crier qu’en ce 18 Mai 2015, dans toute la France, le vacarme des vivants a accompagné le silence des morts.