Le programme donne le tournis. Une intervention toutes les vingt minutes. Sur deux jours, les indigènes du pays ont tous rendez-vous au CIDECI, où plutôt au nouveau caracol, qui a pour nom Jacinto Canek. La Junta de Buen Gobierno qui y siège se nomme « Flor de nuestra palabra, luz de nuestros pueblos que refleja para todos y todas ». Cela représente une étape importante dans l’expansion de l’autonomie zapatiste avec la mise en place d’un caracol dans une ville coloniale qui, depuis la Conquête, représente un pouvoir oppressif sur les peuples originaires du Chiapas.
La géographie du forum couvre presque tout le territoire avec les états du Chiapas, Sonora, Baja California, Nuevo Léon, Jalisco, Michoacán, Chichuahua, Nayarit, Colima, México, Puebla, Tlaxcala, Guerrero, Oaxaca, Veracruz, Campeche, Yucatán, Quintana Roo. Les luttes du monde ont aussi leurs représentants avec les Mapuches du Chili, les défenseurs de l’eau en Équateur ou les Nasa de Colombie ainsi que les femmes kurdes du Rojava par l’entremise d’une vidéo.
La litanie des dommages à la nature est presque sans fin à savoir la contamination de la terre et des rivières, la déforestation abusive, l’extractivisme intensif et tout son florilège d’expulsions, de déplacements forcés, de problèmes de santé, de maladies dégénératives inhérents à ces projets de mort. Tout cela entraîne une menace matérielle pour ces peuples et met en péril leur mode de vie, leurs cultures, leurs traditions, leurs langues, leur cosmovision. Ces méga-projets ont pour volonté de vendre le pays au plus offrant. Des projets qui ne serviront non pas à améliorer la vie des peuples originaires mais plutôt à les soumettre au modèle capitaliste et à enrichir un peu plus, les plus riches. Pour beaucoup, il s’agit d’une véritable guerre du capital contre leur peuple, à travers des mégaprojets, comme le couloir interocéanique dans l’isthme de Tehuantepec ou le Train Maya sur la péninsule du Yucatán, Campeche, Quintana Roo et Chiapas.
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