12 Avril. Moiniverssaire d’occupation
Mise au point, cri et appel
Des occupant.e.s de la Criée
Ce qu’on fait est humble et fragile. Nous trouvons ça précieux. Et ceci renforce notre détermination.
Ça fait déjà un mois, et on croit fort à ce qu’il se passe.
Nous avons une liste de revendications, la première étant le retrait de la réforme de l’assurance chômage (cf : https://occupationlacriee2.wixsite.com/my-site )
Nous ne voulons pas de réouverture sans la réouverture de nos droits sociaux.
Un mois, c’est long. Un mois dans un hall. Nous avons conscience de n’être qu’au début de la lutte. Notre principal adversaire, c’est l’usure. C’est la pression de la préfecture qui nous enlève nos derniers moyens de joie, relayée par la direction.
Nous voulons ce temps. Nous avons besoin de cet espace. Pour expérimenter autre chose que ce monde violent, raciste, validiste, colonial, transphobe, putophobe, homophobe, saturé de violences de genre, soumis aux violences policières, généralisant la précarité pour nous forcer à accepter n’importe quoi, entretenant des rapports de classe ambigüs.
En disant ça, on sait qu’on est, pour l’instant, en majorité une classe privilégiée blanche ayant fréquenté des milieux universitaires ou autres formations artistiques dites supérieures. On sait que ces milieux cultivent ces rapports de domination, et que ces rapports nous traversent. Et on veut le questionner fort.
On sait que ces occupations entrent dans la danse d’une longue séquence de lutte :
Il y a eu la lutte contre la Loi Travail, l’utilisation du 49.3 et la réforme de l’Assurance chômage. Il y a (eu) les gilets jaunes, les marches de la colère à Marseille, les marches écologistes, les marches féministes, la grève mondiale des femmes. Il y a eu l’occupation des facs. Il y a (eu) les Zads. Il y a eu les manifs contre la réforme des retraites et l’actuelle réforme de l’assurance chômage. Il y a eu le confinement. A sa sortie il y a eu les énormes manifs contre les violences policières. Depuis trop longtemps il y a la police en roue libre dans les quartiers populaires, et la colonisation qui n’en finit pas. Il y a des grèves de la poste en continu depuis trois ans. Il y a des grèves répétées des raffineries. On fait une liste non exhaustive, pour nous-mêmes, pour en avoir conscience, en formulant le vœu fort de ne rien s’approprier.
On veut s’associer à d’autres luttes. Mais on sait qu’on a des limites et qu’on n’est pas des super héro.ïne.s
Nous ne voulons pas de ce théâtre confisqué par une petite élite culturelle aux mines d’aristocratie. Nous voulons rouvrir ce théâtre comme il n’a jamais été ouvert : comme un moyen de production, disponible pour toustes.
Avec des ateliers d’éducation populaire, avec des formes hétéroclites, multiples, avec des ateliers qui nous permettent de comprendre et de penser ensemble nos conditions matérielles d’existence.
Nous ne voulons pas rouvrir dans une dictature.
Nous voulons en faire un lieu de lutte contre la précarité.
Nous voulons en faire un lieu de solidarité.
Nous pensons que les lieux intéressants sont des lieux qui pensent l’autogestion.
Nous voulons faire des cantines.
Nous voulons faire des fêtes.
Nous voulons lire plein de trucs ensemble.
Ce lieu est un lieu où la possibilité est donnée de se dés-isoler.
Nous ne voulons plus de réunions où seule une minorité maîtrise des sujets compliqués. Ces réunions où les légitimités de parole ne sont pas questionnées, où le jargon employé n’est pas questionné, où la parole et l’écriture inclusives ne sont pas automatiques, où l’habileté langagière prime sur l’égalité, l’écoute et le respect.
Nous voulons prendre soin les un.e.s des autres.
Nous voulons lutter contre la répression, contre la surveillance généralisée.
Souvent, nous avons peur, sommes stressé.e.s, énervé.e.s, nous nous sentons impuissant.e.s. Souvent, nous sommes angoissé.e.s. Nous voulons nous en parler, parce que nous sommes surtout rempli.e.s de joie et d’inventivité. Nous voulons trouver du courage et (re)créer une énergie commune.Nous voulons travailler avec des gens qui ne nous ressemblent pas.
Nous ne voulons pas des emplois du temps invivables.
Nous ne voulons pas être en concurrence sur le marché du travail.
Nous ne voulons pas que cette réforme de l’assurance chômage passe.
Nous voulons faire mourir le patriarcat, et déconstruire le genre.
Nous voulons contrer les rapports mortifères de cette société dégueulasse et agir en conséquence.
Nous voulons que rêver devienne un moyen, un chemin, un outil, un prétexte à portée politique.
Nous voulons être en capacité d’assumer les conflits, dans une écoute commune, en étant ensemble, lié.e.s, sensibles, nous, occupant.e.s de la Criée.
Nous voulons franchir un cap. Nous voulons faire monter d’un cran le rapport de force, nous voulons être visibles.
Toute aide est la bienvenue. Toute idée aussi. Nous sommes peu, nous sommes dans l’urgence.
Ceci est un cri, rejoignons-nous, occupons.
Rejoignez-nous à la Criée occupée pour une
AG MEGA OUVERTE le 21 AVRIL à 17H
Rejoignez-nous à La Criée, au Zef-Merlan, au FRAC
A la journée inter-lutte du vendredi 23 Avril
A la journée de lutte des travailleur.euse.s du 1er Mai