"Mon cher Didier Epsztajn (blog "Entre les lignes, entre les mots")
Merci pour tes envois répétés des mêmes textes que l’on peut résumer ainsi :
oui à la vaccination, non à l’utilisation du pass sanitaire.
Puis je me permettre quelques objections ?
1- Sans traitement, l’unique voie possible reste la prévention.
2- Celle-ci a 3 étages :
la prévention primaire pour tout le monde, ici les gestes barrières ;
la prévention secondaire, c’est le dépistage qui permet d’isoler et traiter les cas positifs, et aussi de circonscrire la pandémie ;
la prévention tertiaire pour prévenir les complications ; c’est le rôle des vaccins qui protègent le plus souvent contre les cas graves.
3- D’où vient l’idée du pass sanitaire ? Directement du virus lui-même : le variant actuel est mille fois plus contagieux que la souche d’origine.
Cela veut dire que les non-vaccinés sont hyper-contaminants (voir le drame de la Martinique et la Guadeloupe). Et les vaccinés ? Ils le sont, selon le “NEW ENGLAND J. OF MEDECINE“ douze fois moins. Dans ce contexte que peut-on faire ?
Bien sûr accélérer la vaccination, mais cela prend du temps, et les inégalités sont criantes dans le monde.
Alors vient l’idée de diminuer le flux de la contagion en introduisant une barrière face aux hyper-contagieux par le pass sanitaire
C’est vrai, cela n’est pas glorieux, et il y a là-dedans une part de panique de nous, les soignants. Il y a bien sur des excès dans l’application : nous suivons le modèle de NEW YORK (et non, ce n’est pas Macron qui l’a inventé), et il faudrait peut-être prendre plus de distance. Mais de là à vouer aux gémonies cette tentative de circonscrire la pandémie qui galope, malgré la couverture vaccinale, il y a un pas que je ne franchis pas.
La prévention en santé publique a toujours été une galère terrible, pour avoir affronté 3 épidémies dans ma carrière de soignant, j’en sais quelque chose ! Mais a-t-on le choix ?
Laisser galoper la pandémie ? Dire “c’est bien fait“ pour la majorité actuelle en réanimation des anti-vacs, (ce qui serait honteux, tout patient doit être pris en charge !) ? Toute honte bue, pour une fois dans ma vie, je suis réformiste : oui il faut adapter cette mesure, oui il faut combattre les effets pervers, mais en attendant mieux, oui le pass sanitaire peut nous aider à reprendre le contrôle de la situation.
Est-ce pour autant la vérité et la justice, non bien sûr, mais je ne vois pas d’autres moyens d’assurer notre mission de soins, et tant pis si vous me recouvrez d’injures.
Tristement, mais avec toute mon affection
AB"
(Abraham Béhar est un médecin retraité, co-fondateur du PSU en son temps)
Rions un peu en attendant la mort....