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Communiqué du comité de mobilisation étudiant d’Aix

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Article mis en ligne le samedi 15 avril 2023

Le 21 mars, quelques jours après le passage en force par 49-3 de la réforme des retraites, et en réaction à la réquisition des grévistes de Fos-sur-Mer, une manifestation spontanée s’est déclenchée sur le campus de Lettres, puis de Droit d’Aix-en-Provence. Après cela, les étudiant.es se sont réuni.es en Assemblée Générale, ont décidé d’occuper la zone de l’amphithéâtre Guyon, et de s’organiser dans un Comité de Mobilisation ouvert. L’occupation à durée 19 jours et nuits, malgré, bien sûr, les pressions répétées d’une extrême-droite qui n’a rien pu y faire. Le lieu est rapidement devenu un espace de dialogue pour toutes et tous, favorisant l’effervescence politique, culturelle et artistique sur un campus sans vie et sans âme, par la tenue d’ateliers, de conférences et de débats organisés par des associations (Extinction Rébellion, Attac, Collec ...), des syndicats (CGT, Sud, CNT, Snesup), des collectifs (colleuses féministes), ou encore des militant.es ou universitaires individuellement comme Mathieu Burgalassi par exemple. Les Assemblée Générales publiques qui se sont succédé pendant la période d’occupation ont systématiquement voté l’expansion du blocage, et préparé une suite de revendications que vous retrouverez dans un post à part pour plus de clarté.

Dans la nuit du 10 avril, l’occupation restreinte à l’amphithéâtre Guyon s’est donc étendue, conformément aux attentes de l’assemblée générale, par le concours d’une centaine d’étudiant.es, qui ont pris l’ensemble du bâtiment Egger, puis du bâtiment administratif que nous avons réussi à ouvrir dans la nuit. En 30 minutes, l’ensemble des portes étaient sanglées ou chaînées, et les premières rangées de barricades montées. Un blocage qui s’est voulu propre, efficace, rapide, très bien organisé et coordonné. Il n’a occasionné aucun dégât matériel. Ce qui est important à souligner : ni casse, ni tag, ni vol. Masqué.es, nous avons posé des affiches sur les caméras de sécurité, afin de ne pas être accusé.es de dégradations tout en garantissant l’anonymat aux étudiant.es mobilisé.es. Les gardiens, en ce jour férié, n’ont tout simplement pas eu la possibilité d’intervenir de par leur sous-nombre. Il n’y a donc eu aucune altercation, aucune violence, aucune intimidation des deux côtés. C’était d’ailleurs l’objectif d’un blocage qui se veut pacifique, et qui n’avait pas besoin de violence.

En apprenant les événements, le doyen et la direction de l’université ont décidé de fermer le campus, empêchant ainsi l’accès à l’ensemble des étudiant.es et du personnel. En conséquence, l’assemblée générale qui était supposée se tenir dans la cour n’a pas pu avoir lieu. Cette dernière aurait dû permettre à l’ensemble des étudiant.es et du personnel enseignant, nettoyant ou du Crous d’exprimer leurs revendications, leurs accords ou désaccords, et enfin de décider et de discuter, de statuer sur la poursuite du blocage. Nous voulons entendre vos demandes, nous voulons entendre vos critiques, et votre voix quant à la situation de blocage à Egger, et ce, du moment qu’il s’agit bien ici de votre lieu d’étude ou de travail. En fermant le campus, la direction a donc décidé de juguler cette concertation collective et démocratique, tout en nous coupant de tout contact extérieur. Un rassemblement d’étudiant.es spontané, en dehors de la faculté, a donc donné lieu à une réunion catastrophée et lunaire, tranchée en deux par un portail fermé et encadré par la sécurité. Nous sommes nous mêmes étudiant.es, et nos examens approchent à grands pas. La direction nous étouffe, tandis que le gouvernement nous ignore. Ce, malgré les mois de manifestations et de grèves massives.

Par cette fermeture obsessive, la direction tente d’empêcher notre approvisionnement en nourriture, en matériel médical ou sanitaire. Fort heureusement, nous avions des stocks sur lesquels puiser grâce à vous, et nous avons pu ouvrir des salles de douche. La direction joue aussi de la fermeture totale de l’établissement pour inquiéter une partie des étudiant.es quant à leurs partiels. En effet, si la majorité d’entre eux se déroulent d’ici plusieurs semaines, le Contrôle Continu implique des examens éparses dans l’année. C’est pourquoi nous avions anticipé les craintes, en laissant à disposition les amphithéâtres 1 et 7, sans parler des locaux de recherche, du Cube et de Portalis que nous ne maîtrisons pas, n’étant pas connectés au bâtiment Egger. La tenue des examens aurait pu être possible, sans la décision du doyen de fermer la totalité du campus. De la même manière, alors que nous n’occupions que l’amphithéâtre Guyon, nous avions permis la tenue de cours dans l’amphithéâtre. Ce qui aurait pu être réitéré, si la direction ne nous avait pas mis immédiatement en état de siège. Je le redis, notre but ici est de permettre la mobilisation des étudiant.es dans la lutte contre la réforme des retraites. Une fac vide est une fac immobile, et démobilisée.

En plus de cela, le président d’AMU a immédiatement déclaré envoyer la police dans la nuit du 11 avril pour débloquer la faculté par la violence dont elle est capable. Pour justifier cette sur-réaction, ce dernier a fait passer un ensemble de rumeurs fallacieuses visant à criminaliser l’occupation. Ils ont parlé d’individus cagoulés et armés. La cagoule pour parler de masques chirurgicaux, et les armes pour parler de drapeaux. La direction a aussi utilisé le récit d’une femme de ménage qui, dans la matinée, tentant d’ouvrir une porte scellée aux alentours de 6h, a été surprise par le claquement d’une chaise contre ladite porte. Encore une fois, nous devons le souligner, cette dernière ne fût en aucun cas touchée physiquement. Malgré cette propagande, les organisations syndicales professionnelles ont produit un communiqué commun rejetant l’intervention de la police ; tandis qu’avait lieu un second rassemblement de soutien d’environ 80 personnes devant la fac, pour protester contre la répression policière. En parallèle, le doyen s’est rendu sur la faculté, et une partie des occupant.es ont eu l’occasion de discuter avec lui et toute sa clique, de nos revendications initiales. Ces discussions de comptoir n’ayant aucun caractère officiel, rien de concret n’a pu en sortir, si ce n’est la proposition orale - qui vaut ce qu’elle vaut - de conserver l’amphithéâtre Guyon en échange du déblocage total. Face à cette inversion du rapport de force, la menace d’une intervention policière n’a pu être mise à exécution.

Hier matin, un groupe d’adultes non-identifié à tenté de nous débloquer par la force. Un échec, grâce à la réactivité des occupant.es, qui se sont contenté.es de rajouter des tables et des chaises aux mètres de barricades qui nous séparaient de l’autre groupe. Nous apprendrons ensuite qu’il s’agissait finalement du doyen lui-même, avec quelques-uns de ses acolytes. Plus tard dans la journée, ce dernier se plaint d’avoir reçu des jets de chaises après avoir souhaité récupérer quelques affaires dans un des bureaux bloqué. Personne n’a jamais reçu de jet de chaise. Il s’agit ici d’un mensonge pur et simple. Et c’est de toute façon impossible car les barricades montent jusqu’au plafond, ne laissant aucun espace libre pour faire passer une chaise. Peu inquiété par ces événements - qui n’en étaient pas vraiment - le président de l’université à de nouveau contacté les syndicats professionnels, afin de les assurer qu’il n’y aurait pas d’intervention policière avant lundi, pour laisser passer la manifestation de jeudi et la prise de décision du conseil constitutionnel vendredi. Toutefois, le campus reste sous cloche.

L’occupation est donc menacée et mise sous pression. Mais plus encore, c’est toute la mobilisation étudiante sur Aix-en-Provence qui l’est. Nous, occupant.es, sommes sous tension constante. Aucun écart n’a été fait pour le moment, alors pourquoi inventer des problèmes ? Pourquoi jouer l’escalade ? Malgré l’augmentation des tensions menée par la faculté, nous persistons à souhaiter organiser nos ateliers, nos conférences, nos débats, et à mobiliser les étudiant.es dans la bataille contre les retraites.

Le mieux étant de se faire son propre avis par soi-même. Ici, nous n’avons rien à cacher, et sommes prêt.es à vous accueillir. La direction profite de la fermeture qu’elle a elle-même actée pour divulguer ses mensonges.

Nous vous invitons à vous rassembler tous les jours à 18h devant le portail d’ALLSH, à nous rejoindre et à soutenir la lutte comme vous le pouvez.

Communiqué le 13 avril 2023

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Vos commentaires

  • Le 18 avril 2023 à 21:32, par 2ESR 13 - CNT En réponse à : Solidarité avec les étudiant-es d’Aix mobilisé-es

    Le syndicat Éducation Enseignement Supérieur et Recherche des Bouches du Rhône de la Confédération Nationale du Travail exprime son plein soutien aux étudiant·es mobilisé·es contre la réforme des retraites et ayant occupé du mardi 21 mars au mardi 18 avril une partie de la faculté ALLSH sur le campus Schuman d’Aix-en-Provence.

    Nous saluons leur engagement dans la lutte sociale en cours contre une réforme néfaste qui menace les droits acquis des travailleurs·ses.

    Leur mobilisation témoigne :
    - de leur conscience de classe, celle des travailleuses et des travailleurs,
    - de leur vigilance face aux tentatives de remettre en cause leurs droits,
    - de leur désir de faire de l’université un espace d’émancipation et d’autogestion auxquelles nous tenons.

    Nous avons apprécié leur détermination et leurs capacités d’organisation, de mobilisation, d’ouverture et de respect envers les personnels universitaires et les étudiant·es non mobilisé·es.

    Le président de l’université a fait intervenir la police à l’intérieur de l’établissement et fait expulser les étudiant·es, interrompant ainsi leur occupation ce mardi 18 avril à 7h.

    Nous considérons que cette décision du président de l’université est une faute grave commise contre les droits universitaires, trahissant ainsi "l’autonomie" de l’université en faisant appel aux forces de police. Le président montre son mépris de la démocratie directe exercée par les étudiant·es, via les assemblées générales, et sa préférence pour résoudre les conflits par la force et la répression.

    Nous demandons ainsi sa démission, car il ne peut plus prétendre représenter ni les étudiant·es ni les personnels d’Aix Marseille Université.

    Nous restons mobilisé·es et mettons en œuvre tous les moyens qui permettront aux travailleurs·ses de faire valoir leurs droits.

    Mardi 18 avril 2023

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