Une tribune pour les luttes

Incendie de Lubrizol à Rouen

Nuage toxique et mensonges bourgeois : Le capitalisme nous intoxique !

Article mis en ligne le lundi 7 octobre 2019

 Le 26 septembre, les habitants de Rouen et de ses banlieues se sont réveillés avec une vision cauchemardesque : l’usine chimique Lubrizol en flammes, une fumée noire couvrant une partie de la ville, une pluie huileuse car gorgée de produits chimiques tombant ensuite, une puanteur âcre…

Ce jour là, ce n’est pas la fatalité qui a frappé cette agglomération de près d’un demi-million d’habitant mais le capitalisme et son cortège d’horreurs.

 L’usine qui fabrique des additifs pour carburants, huiles de moteur et peintures industrielles, semble avoir été touchée par le feu vers 2h30. Selon ses patrons, le feu aurait éclaté hors de l’usine. La réalité ou non de cette affirmation ne change rien à l’affaire : ce ne peut être que des carences dans la mise en sécurité du site qui peuvent expliquer qu’un site « Seveso seuil haut » soit dévoré par les flammes : Les patrons sont pleinement responsables de la mise en danger des prolétaires du site et des populations environnantes !  

L’État bourgeois a réagi avec promptitude… pour préserver les profits !

L’incendie a débuté à 2h30 mais les sirènes n’ont averti la population que cinq heures plus tard. Les prolétaires qui venaient travailler sur le site n’ont été avertis qu’une fois sur place. Les transports ont continué à fonctionner jusqu’au moment où les travailleurs ont exercé un « droit de retrait ». Les écoles ont fermé dans une partie des communes survolées par le nuage noir mais celles de la commune voisine (et prolétaire) de Petit-Quevilly n’étaient pas incluses dans l’arrêté préfectoral alors que certaines sont à 600 mètres de l’usine (c’est la mairie qui a dû les faire fermer).

Aucune entreprise, aucune administration n’ont été évacuées alors que la Cité administrative et une large partie de la zone industrialo-portuaire sont à moins de un kilomètre. Les travailleurs ont dû dans toute l’agglomération rejoindre leur poste de travail.

Rien n’a été fait pour évacuer la population. Rien pour protéger cette population alors qu’une toiture de 8 000 mètres carrés d’amiante était détruite avec, selon toute probabilité, des fibres très volatiles dans l’atmosphère. Rien pour mettre en sécurité alors que l’usine, construite en 1954, était probablement largement recouverte de peinture au plomb.

 Les représentants du capital se sont succédé pour venir répéter qu’il n’y avait aucun danger, qu’un bon lavage à l’eau claire suffisait et que tout pouvait reprendre comme avant : le ministre des flics Castaner, la ministre de la Santé, le préfet, la Rectrice, le Premier ministre… Pour eux peu importe les conséquences pour les populations – d’autant plus si ce sont des prolétaires – l’important est que la soif du profit soit comblée et que les travailleurs retournent bosser fissa pour l’épancher.  

Les pouvoirs publics refusent de publier la liste des polluants partis en fumée. Ils ouvrent les écoles après un simple toilettage alors même qu’ils interdisent la commercialisation des produits agricoles touchés. Les lieux de travail n’ont pas été nettoyés alors que les systèmes de ventilation sont souillés par les dépôts du nuage toxique.

 Les habitants de la ville, en particulier les prolétaires qui peuplent la rive gauche de la Seine, sont considérés comme de la chair à pollution. Ils l’avaient déjà constaté amèrement en 2013 quand Lubrizol avait fait parler d’elle en répandant dans l’air un nuage chimique qui avait largement incommodé la population. Le message à l’époque avait été le même : aucun danger, aucune mesure à prendre, et une petite amende de 4000€ pour l’entreprise (à la suite du choix de l’État de ne pas poursuivre en correctionnelle). Même chose il y a quatre ans quand l’usine a déversé 2 000 litres d’huile dans le réseau des eaux pluviales.

N’en déplaise aux écologistes et autres éco-socialistes, le problème n’est pas la production elle-même mais la recherche du profil, le mépris de la production capitaliste envers les exigences vitales de l’espèce humaine. Le capitalisme n’aime ni la prévention ni la sécurité (sauf celle qui sert à réprimer les prolétaires). Arrêter une usine temporairement pour y installer des systèmes de sécurité, former des techniciens, étudier les effets sur l’homme et sur l’environnement des substances produites, tout cela entraînerait de gros frais et l’arrêt de la production. La bourgeoisie préfère indemniser plutôt qu’investir de façon non rentable : cela coûte moins cher ! Le profit qu’elle tire des catastrophes en tout genre (reconstruction, dépollution et cie) est souvent supérieur à ceux qu’elle tire de l’activité productive et commerciale en temps normale : le capitalisme vit du malheur !

Et les catastrophes ne sont que la partie visible de l’iceberg : des milliers de prolétaires et de travailleurs sont victimes de la pollution dans les régions industrielles. C’est le cas par exemple dans le bassin de Saint-Nazaire où le taux de cancer est supérieur de 25 % à la moyenne nationale, 38 % pour les hommes et 11 % pour les femmes. Là encore, circulez, il n’y a rien à voir : pour les autorités, ce sont la consommation d’alcool et de tabac, donc les mauvaises habitudes des individus, qui expliquerait ces chiffres inquiétants. De la même manière, la surmortalité et la plus forte prévalence des cancers à Lacq ou à Fos-sur-Mer sont systématiquement minorés : il en faut surtout pas incriminer le système économique et social.

 Mais c’est le mode de production capitaliste est le danger véritable ; pour lui, il faut produire vite et au moindre coût, de manière à rester concurrentiel et pouvoir vendre, faire du fric et investir.

Il n’y a que sa destruction qui peut préserver l’Humanité des catastrophes capitalistes, destruction qui ne peut être réalisée que par le prolétariat quand il aura rompu avec tous ceux qui mettent au premier plan la défense de l’économie nationale, et qu’il aura brisé la paix sociale qui le paralyse.

Seule la lutte de classe poussée jusqu’au bout peut secouer le joug du capital et déclencher le plus grand des incendies : l’incendie social qui mettra à l’ordre du jour l’assaut révolutionnaire pour réduire en cendres un système qui ne produit que misère et mort !

P.-S.

Parti Communiste International, 2/10/2019

www.pcint.org

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