Une tribune pour les luttes

La lettre d’information du site "la voie du jaguar"

Cette lettre recense les nouveautés publiées depuis 14 jours

Article mis en ligne le mercredi 10 février 2021


Nouveaux articles


** Paradoxes et apories de la pandémie **
par Louis de Colmar - 6 février 2021

La société moderne, aujourd’hui, se caractérise par un double échec :
elle a détruit la dimension collective, "holiste", du vivre-ensemble
qui a marqué l’ensemble des civilisations précédentes, et elle a rendu
patent l’échec de l’individualisme asocial qui avait marqué
l’utopie de son développement jusqu’à la fin du XXe siècle.

Le cœur de la conscience sociétale repose en grande partie sur une
sorte de consensus informulé, sur des concepts et des notions largement
en deçà de la conscience, sur une résonance sans mots, sans mots
véritablement adéquats… Il y a des périodes de la vie des sociétés
où cette conscience sociétale, mouvante, dynamique, trouve des
expressions et des formulations plus ou moins largement et explicitement
partagées ; il en est d’autres, comme la nôtre, où les mots peinent à
rendre compte de la réalité ressentie. Il est des périodes où les mots
et les discours tournent littéralement à vide et donnent seulement
l’impression de brasser du vent.

Dans le contexte de l’idéologie dominante, la solitude, la pauvreté
relationnelle sont pour l’essentiel la résultante de l’exclusion des
circuits économiques. Un des rares "mérites" de la crise sanitaire
est sans doute de permettre de préciser ce mécanisme (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Paradoxes-et-apories-de-la-pandemie


** Prise de parole d’ex-occupant·e·s de Roybon
le 17 janvier 2021 sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes *

par ZAD - 5 février 2021

17 janvier 2021, ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Il était une fois une forêt, ses arbres, ses champignons, ses hôtes,
quelque part entre le Vercors et les plaines du Bas-Dauphiné. On la dit
forêt des "Chambarans", ce qui pourrait vouloir dire quelque chose
comme : les champs bons à rien. Une terre humide, froide, et vallonnée.

Une forêt comme tant d’autres, dont certains ont voulu pousser
l’histoire vers le bling-bling de l’argent qui rentre dans les caisses
et du soleil qui tape sur les parois de verre d’une piscine sous serre
tropicale. La fameuse bulle tropicale des Center Parcs de Pierre &
Vacances.

Un centre de loisirs parmi tant d’autres. Et pourtant celui-ci ne se
fera pas. On a fait voler en éclats cette bulle qui voulait nous en
mettre plein la vue. Envolés, les rêves de billets verts, tandis que
coule, rattrapé par les marécages dans lequel il s’est embourbé, ce
projet verdâtre d’hypocrisie.

Juillet 2020 : Pierre & Vacances abandonne son projet. La compagnie
jette la pierre aux zadistes et aux associations de recours juridiques.
Un pavé pour tous ceux qu’on a jetés en pensant à eux !

On l’a balayée, leur bubulle artificielle, par la force d’un souffle
qui a tant gonflé nos poumons qu’il a menacé de les faire éclater, eux
aussi. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Prise-de-parole-d-ex-occupant-e-s-de-Roybon-le-17-janvier-2021-sur-la-ZAD-de


** "L’Évasion d’un guérillero
Écrire la violence" **

par Ernest London - 3 février 2021

Militant de l’Armée populaire révolutionnaire (EPR), Andrés Tzompaxtle
Tecpile, dit Rafael, est enlevé, détenu et torturé par l’armée
mexicaine en 1996. Par un récit polyphonique, fruit d’un long travail
d’enquête de terrain, le journaliste américain John Gibler dévoile la
stratégie contre-insurrectionnelle de l’État mexicain. Il interroge
également le processus d’écriture, les rapports de celle-ci avec une
supposée objectivité, avec les partis pris, la violence qu’elle impose
en voulant témoigner. Adaptant un mot d’ordre zapatiste, il défend la
forme d’un écrit qui écoute ("escribir escuchando"). "Ce livre cherche
à utiliser une arme coloniale, l’écriture, pour combattre la violence
coloniale."

S’appuyant essentiellement sur trente heures d’entretien avec Andrés
Tzompaxtle Tecpile, mais aussi sur les témoignages des journalistes
qui ont assisté à son enlèvement, d’une travailleuse sociale et d’une
avocate, membres d’une association de défense des droits de l’homme,
sur les articles de presse parus au sujet de cette affaire, il livre un
récit polyphonique, notamment de la détention, des séances de torture
infligées pendant quatre mois, et de son incroyable évasion, objet de
beaucoup de suspicions. Son enfance dans une communauté indigène nahua
de la Sierra de Zongolica (Veracruz) est aussi racontée, imprégnée d’un
permanent sentiment d’injustice qui le pousse à rejoindre la guérilla.
"La violence à la fois ontologique et corporelle de l’invasion est
gravée dans ce que nous appelons aujourd’hui l’État, le droit,
l’économie. On perpétue le massacre du massacré en se justifiant par
cette chose qu’on appelle le droit." (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/L-Evasion-d-un-guerillero-Ecrire-la-violence


** "La Grande Transformation" (XIV) **
par Georges Lapierre - 2 février 2021

Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
"La Grande Transformation" (fin)

"Nous ne pouvons réaliser la liberté que nous cherchons à moins de
comprendre ce que signifie véritablement la liberté dans une société
complexe", écrit Karl Polanyi dans la conclusion de son livre "La Grande
Transformation". Dans une société complexe marquée par la séparation
entre ceux qui se sont approprié la pensée dans sa vocation sociale
et la population qui, dépossédée de la pensée de son activité, est
contrainte au travail, l’unité nouvelle de la société complexe est
apportée par l’aliénation de la pensée. J’ignore si notre époque
marque un terme à ce lent procès du travail de l’aliénation de la
pensée au sein de la société occidentale, chrétienne et marchande,
commencé vers le VIIe siècle avant notre ère, apportant ainsi une unité
factice sous la forme d’un simulacre de vie sociale ; ce qui est, nous
devons en convenir, le propre de l’aliénation. Que signifie
véritablement la liberté dans une société complexe ? Suppose-t-elle la
liberté dans l’aliénation et c’est la conclusion à laquelle est
arrivé Karl Polanyi, semble-t-il, dans la mesure où la question de
l’aliénation paraît lui échapper ? Ou bien marque-t-elle la fin de
l’aliénation ?

Tant que l’on n’appréhende pas l’unité nouvelle d’une société
complexe sous l’angle de l’aliénation de la pensée, il n’est pas
aisé de dire ce que serait cette liberté souhaitée par l’auteur ou par
les partisans d’un nouveau monde. Dans sa conclusion, Karl Polanyi,
revient à cette question de liberté pour découvrir, occultée par le
marché, la société (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-XIV


** Déclaration de la Cinquième Assemblée
conjointe du Congrès national indigène
et du Conseil indigène de gouvernement **

par CNI - 31 janvier 2021

Frères et sœurs du monde entier, nous vous saluons, nous qui conformons
le Congrès national indigène. Nous sommes des peuples et des communautés
qui habitaient déjà nos terres et nos territoires avant l’imposition de
ce qu’on appelle l’État mexicain, nous avons non seulement notre
propre langue et notre façon de nous habiller, mais aussi une forme de
gouvernement, une façon de voir, de comprendre et de vivre le monde
différente de celle du monde capitaliste, qui voit tout comme une
marchandise. Nous sommes des peuples qui aiment la terre, les montagnes,
les eaux, les collines, les oiseaux et tous les êtres vivants qui
habitent notre mère la terre. Pour nous la vie est sacrée, nous la
vénérons. Au cours des ans, les donneurs d’ordres, ceux qui ont pour but
de dominer et d’exploiter, ont voulu en finir avec nous, détruire notre
culture et notre territoire. Nous sommes une histoire de dépossession,
de résistance et de rébellion, et aujourd’hui, après plus de cinq cents
ans de conquête et de guerre, nous sommes en danger d’extinction, avec
le monde entier.

Frères et sœurs zapatistes, frères et sœurs aîné·e·s, comme
toujours vos paroles et vos initiatives créent une lumière d’espoir
et un chemin pour nos peuples. Les mégaprojets, les sociétés
transnationales, le crime organisé en coordination avec le gouvernement
nous envahissent toujours plus pour exploiter et détruire notre
territoire, pour détruire la vie. Les paroles mensongères de López
Obrador et sa soi-disant Quatrième Transformation cherchent à créer un
mur qui cache la guerre qui fait rage contre les peuples (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Declaration-de-la-Cinquieme-Assemblee-conjointe-du-Congres-national-indigene-et


** Une contestation non violente est-elle suffisante ? **
par Günther Anders - 30 janvier 2021

Le niveau prérévolutionnaire de notre lutte contre les préparatifs de
l’anéantissement total, celui qui ne consistait qu’en actes factices,
sentimentaux et symboliques, appartient désormais au passé. Aller
au-delà de ce niveau de violence — ou plutôt de non-violence — est
certes en contradiction avec tous les principes et tabous auxquels nous
n’avons cessé ou, du moins, je n’ai cessé pour ma part de me tenir
depuis la Première Guerre mondiale et que je considérais même à vrai
dire comme inviolables ; cela me met d’ailleurs dans un état que je
n’ai aucune envie de décrire.

Mais lorsqu’un des maîtres du monde croit pouvoir amuser son auditoire,
comme c’est arrivé il y a peu, en annonçant avec un grand sourire
qu’il va donner l’ordre de bombarder l’URSS, et que son public, en
entendant cette sinistre plaisanterie, se prend comme un seul homme
d’affection pour lui, il est de notre devoir d’adopter un comportement
nouveau et de nous interdire dorénavant toute politesse et toute
retenue : car il n’y a pas de danger plus sérieux que l’absence de
sérieux chez les tout-puissants.

Rester aujourd’hui mesuré et civilisé serait non seulement faire preuve
de nonchalance mais ce serait aussi une marque de lâcheté, cela
reviendrait à trahir les générations futures. Contre les monstres
menaçants qui, tandis que les forêts disparaissent, s’élèvent dans le
ciel pour, demain, faire de la terre un enfer, une "résistance non
violente" n’a aucun effet (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Une-contestation-non-violente-est-elle-suffisante


** Contrôle et surveillance en temps de pandémie **
par Projet Accompagnement Solidarité Colombie - 29 janvier 2021

La pandémie a révélé les conséquences d’années de coupes
budgétaires des gouvernements et de politiques favorisant la
privatisation graduelle de nos systèmes publics de santé, au
profit d’une vision mettant de l’avant la rentabilité économique
de la santé.

Pour faire face à la pandémie de la Covid-19, au lieu de proposer des
investissements dans nos services publics, de nombreux États ont opté
massivement pour l’implantation de mesures répressives, telles que le
confinement strict et le couvre-feu, et d’une panoplie de mesures de
contrôle et de surveillance.

L’urgence et le climat de peur servent à forcer le consensus et à
fabriquer le consentement de la population aux diverses mesures mises
de l’avant pour nous sortir de la crise sanitaire. Nous acceptons jour
après jour la mise en place de mesures de contrôle social qui, il y a à
peine quelques mois, auraient été impensables. Le traitement médiatique
de la pandémie n’est pas étranger à l’acceptation sociale des
changements drastiques qui nous sont imposés.

Ainsi, la majorité des États se tournent vers le privé pour nous offrir
des solutions technologiques. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Controle-et-surveillance-en-temps-de-pandemie


** Contre le virus capitaliste et sa société désolante **
par Nedjib Sidi Moussa - 28 janvier 2021

Les gardiens de l’ordre capitaliste martèlent à l’unisson qu’"il
y aura un avant et un après cette épidémie". Or, rien ne garantit un
futur préférable à la situation qui prévalait pour la majorité de la
population laborieuse avant l’apparition du Covid-19.

La crise multidimensionnelle dans laquelle nous ont plongés les
irresponsables gouvernementaux rappelle, s’il en était encore besoin,
que la bourgeoisie et son État ne se contentent pas de reprendre d’une
main ce qu’ils prétendent donner de l’autre.

"Quoi qu’il en coûte", le pouvoir cherche en effet à protéger les
intérêts des patrons au détriment de la santé des exploités. "Nous
sommes en guerre", certes. Sauf que le conflit ne se cantonne pas au
domaine sanitaire : il est éminemment politique et social.

Quand, avec un cynisme certain, une porte-parole salue les salariés qui
vont travailler "la boule au ventre", il s’agit surtout de refuser
l’exercice du droit de retrait pour ceux dont les employeurs feraient
respecter les fumeuses "mesures barrières". (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Contre-le-virus-capitaliste-et-sa-societe-desolante


LA VOIE DU JAGUAR • informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective • lavoiedujaguar chez riseup.net • http://lavoiedujaguar.net

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