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** La spiritualité wixárika à notre époque **
par Eduardo Guzmán Chávez - 13 décembre 2020
Le peuple wixárika vient de très loin dans le temps. Les
chercheurs travaillent sur les archives coloniales des missionnaires
qui les ont rencontrés au XVIIe siècle et sauvegardent les témoignages
onomatopéiques qui rôdent dans la parole wixárika pour
décrire un peuple qui, pendant la conquête de la Sierra Madre
occidentale, n’était pas remarquable par sa force politique ou sa puissance
militaire à côté des Coras et des Tepehuanos voisins, mais qui se
distinguait déjà à l’époque comme un bastion spirituel d’une lignée
lointaine.
Leur conquête par les Espagnols a été relativement facile
et a imprimé certains traits catholiques que les Wixaritari ou
Huicholes ont su honorer sans que cela perturbe la résonance originelle de
leur propre cosmovision.
De nos jours, si nous avions la chance d’assister à la
célébration catholique du chemin de croix pendant la Semaine sainte
dans l’une des communautés nucléaires, nous serions frappés de constater
une profondeur et une dévotion dignes du christianisme primitif.
Mais le peuple wixárika vient de bien plus loin dans le
temps. C’est un lieu commun, quand on parle d’eux, de leur attribuer la
qualité supérieure d’être l’une des cultures indigènes les plus
pures du monde. (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/La-spiritualite-wixarika-a-notre-epoque
** Invitation à venir découvrir le Quartier libre des
Lentillères **
par Les Lentillères - 11 décembre 2020
En traversant ce deuxième confinement, on pressent qu’il
va falloir apprendre à "vivre avec" la pandémie mondiale encore un
peu plus longtemps. Depuis quelque temps, on avait compris aussi
qu’il allait falloir "faire avec" la crise écologique. Plutôt que
d’attendre gentiment le prochain état d’urgence, ce qu’on essaye de
construire, ici, au Quartier libre des Lentillères, c’est une manière
possible de continuer à vivre malgré ces crises. En imaginant et en
créant un monde qui nous fasse envie, tissé de rapports non marchands,
empreint de solidarité et de sens des communs, connecté à
l’environnement dans lequel on se trouve, organisé en autogestion.
D’une petite lutte très localisée contre un projet de
bétonisation comme il en existe tant, s’est construit durant dix ans,
sans préméditation, en tâtonnant, en bidouillant, un quartier
riche de la diversité de ses activités (de maraîchage en
autoconstruction, de petits jardins en fêtes de quartier), riche aussi des personnes
qui le traversent, le font vivre, y jardinent et y habitent. Et
riche en imaginaires possibles. Ensemble on se réinvente sans cesse
collectivement.
Forcément, ces derniers mois, on est comme tout le monde :
on est ébranlé·e·s par la crise sanitaire qui agite notre
planète. Dans ces moments de doutes, pouvoir échanger des avis, exprimer nos
peurs, discuter de nos limites, débattre pour, au final, tenter
de se mettre d’accord collectivement sur les mesures que l’on met ena
place pour prendre soin de nos santés et continuer à créer du commun,
ça nous semble d’autant plus cohérent. (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/Invitation-a-venir-decouvrir-le-Quartier-libre-des-Lentilleres
** Covid, capitalisme, grèves et solidarité
Entretien avec la revue "Chuang" **
par "Chuang" - 7 décembre 2020
La Chine est une société capitaliste dirigée par une
classe capitaliste et animée par des impératifs capitalistes, indépendamment
de ce que les politiciens de droite pourraient dire du contraire.
Donc "le gouvernement" qui, en Chine, signifie une alliance assez
bien organisée de toutes les fractions dirigeantes de la classe
capitaliste, doit servir avant tout les besoins de l’accumulation. Tout le
reste est secondaire.
Cela dit, nous pouvons bien sûr tirer ici des leçons
importantes sur la façon dont l’État chinois a traité ses problèmes de
faible capacité. Dans le passé, il a été extrêmement difficile pour l’État
d’obtenir que son autorité "descende jusqu’au niveau
local". Dans de nombreux cas, cela s’est traduit par une dévolution du
pouvoir au niveau local à assez long terme. Cela a été
particulièrement vrai dans les villages, où la commercialisation s’est accompagnée du
retrait de la surveillance directe, ainsi que de l’apparition de
toutes sortes de nouvelles autorités gouvernementales locales balkanisées.
Mais cela signifie aussi que ces zones ont vu l’apparition de
nouveaux mécanismes hybrides de gouvernement local, comme le comité des
villageois, qui est techniquement élu mais tend en pratique à être dominé par
les élites locales, souvent organisées par des associations de lignée
en collaboration avec les branches locales du PCC — souvent
ces associations ont commencé à entrer simultanément dans les
comités locaux et les branches locales du PCC. Dans les zones urbaines,
il existe un mécanisme équivalent, connu sous le nom de comité
résident, qui est officiellement le niveau le plus bas de l’administration
de l’État dans les villes (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/Covid-capitalisme-greves-et-solidarite-Entretien-avec-la-revue-Chuang
** Crises des islams et crises globales **
par Louis de Colmar - 5 décembre 2020
L’idéologie occidentale a tendance à présenter l’"islam"
comme un tout cohérent, ainsi qu’à confondre l’augmentation de
la médiatisation de la question dite islamique avec un
renforcement de la cohésion de l’islam. Or, je dirais que l’on assiste
exactement au contraire, c’est-à-dire à un processus d’implosion de
l’islam : jamais encore, sans doute, la conflictualité interne à
l’islam n’aura été aussi forte, aussi exacerbée…
Ce que nous pouvons constater aujourd’hui, c’est l’échec
de la greffe "nationale" (au sens occidental du terme) tentée au
sortir de la Première Guerre mondiale tout particulièrement au
Moyen-Orient. Ce rejet est devenu manifeste lors de l’effondrement de
l’antagonisme structurant du XXe siècle entre la version libérale
classique et la version dirigiste, en particulier léniniste, du
capitalisme, qui a eu lieu durant la guerre d’Afghanistan, et qui aura été
marqué par l’effondrement de l’URSS en 1989.
L’effondrement de l’URSS, qui n’est que l’expression la
plus visible de l’effondrement de la perception et de
l’intelligibilité "classique" du capitalisme issues de la conscience
historique du XIXe siècle, a ainsi ouvert la boîte de Pandore des
contradictions géopolitiques qui avaient été mises sous le boisseau des
illusions progressistes. (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/Crises-des-islams-et-crises-globales
** Un monde bétonné
Entretien avec Anselm Jappe **
par Anselm Jappe - 2 décembre 2020
Comment le béton a-t-il recouvert notre milieu ? Le livre
"Béton. Arme de construction massive du capitalisme", publié aux
éditions L’Échappée, analyse l’histoire de ce matériau ravageur et critique à
travers lui l’architecture et l’urbanisme modernes.
Le béton a joué un rôle central dans la marchandisation de
l’habitat et dans la construction massive de "machines à habiter"
comme les appelait très justement, mais avec orgueil, Le Corbusier —
qui jouit encore aujourd’hui auprès d’une partie du public d’une
réputation de grand architecte et même de grand humaniste, tandis
qu’il n’a jamais fait mystère de ses intentions autoritaires et
classistes : sophistication pour ses clients riches, "cages à lapin"
pour les autres. Le béton a aussi profité d’une bonne image chez la
gauche, qui y voyait un matériau prolétarien et surtout adapté à
la promotion de logements dits "sociaux", c’est-à-dire bon marché.
Ce que personne ne voulait voir, à de rares exceptions
près comme les situationnistes, est le fait qu’habiter ne peut pas se
réduire à "avoir un toit", de même que manger ne peut jamais
consister dans la seule absorption d’une quantité suffisante de calories.
Dans les deux cas, une vaste gamme de facteurs émotionnels et
symboliques entre en jeu — habiter signifie surtout avoir son lieu dans le
monde, être rattaché au monde. Pendant des millénaires, et dans le
monde entier, l’architecture, au sens large, a toujours eu cette
fonction. (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/Un-monde-betonne-Entretien-avec-Anselm-Jappe
** "La Grande Transformation" (X) **
par Georges Lapierre - 1er décembre 2020
Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
"La Grande Transformation" (à suivre)
Écrit en 1944, le livre de Karl Polanyi "La Grande
Transformation" présente les conditions sociales qui ont abouti à la crise
de 1929 et à la Deuxième Guerre mondiale. C’est un livre touffu et
il n’est pas toujours aisé de suivre dans leur développement les
analyses auxquelles se livre l’auteur. Toutefois le point de vue qui est le
sien et qui oppose la société au marché est d’un immense intérêt si
nous cherchons, comme Archimède, un point d’appui théorique
pour comprendre ce que fait le monde. "Aucune économie de marché séparée
de la sphère du politique n’est possible", écrit Karl Polanyi.
Ce lien entre l’État et l’activité marchande est sans doute apparu
dès le départ avec la formation de l’État, comme j’ai été amené à
le constater à travers notre histoire depuis la plus haute
antiquité.
D’après l’auteur ce serait l’émancipation du marché et des
marchands de cette vigilance constante et attentive de
l’État et les mesures inadéquates prises par celui-ci qui auraient amené
la grande crise et la Deuxième Guerre mondiale. Cette séparation
entre la société et le marché est marquée par une opposition d’intérêts :
les fins poursuivies ne sont pas les mêmes, le marché tire vers
l’intérêt particulier, il a pour but le gain et le profit, la
société a pour fin le vivre ensemble. L’État tente donc de limiter les dégâts
sociaux du marché par différentes mesures qui ont pour but de le
contrôler et d’éviter sa brutale intrusion, aux conséquences
désastreuses, dans la société. (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-X
LA VOIE DU JAGUAR • Informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective • lavoiedujaguar chez riseup.net • http://lavoiedujaguar.net